Aujourd’hui, c’est la saint Perceval. Ne regardez pas sur le calendrier, c’est moi qui l’ai décidé. Parce que Perceval est pour moi un saint et qu’il mérite son jour à lui, et que ce jour particulier était tout indiqué.
Vu que je n’ai pas vraiment le temps de m’épancher sur la question de qui il est et pourquoi je le révère, je ressors ce que j’avais écris dans un ancien article oublié, et qui explique très bien les choses.
Perceval, c’est avant tout pour moi un symbole, plus qu’un personnage de roman.
Comment expliquer ce qui me fascine autant chez lui ? beaucoup restent sur l'image du jeune gallois inculte faisant tout de travers, quand ils ne voient pas en lui le gros bêta (par ailleurs charmant) de la série bien connue diffusée sur m6. oh, non, Perceval est loin d'être bête, il suffit de faire un petit effort de lecture… j'ai entendu beaucoup de critiques sur lui… bien sûr au début c'est un ado un peu boulet, comme tous les ados, j'en connaît même beaucoup chez qui ça s'attarde dramatiquement. Voilà ce qui est très intéressant chez Perceval, c'est son évolution, c'est la façon dont il passe du statut de jeune ignorant turbulent à… chevalier célestiel. Car oui, c'est bien ce qu'il devient, c'est bien ce que Chrétien a voulu faire de lui, même s'il a disparu avant de pouvoir finir son œuvre… ce qui laisse un mystère fascinant, étant donné que chacun peut imaginer la suite à sa convenance, et beaucoup le firent, bien qu’ aucune version que j'ai lu ne me satisfasse.
Selon moi, et je ne suis pas la seule à le penser, Perceval, celui qui brise, est également celui qui restaure. Là où il sème d'abord le désordre, c'est pour mieux rétablir par la suite, instaurer un nouvel ordre. C'est ce que l'on peut voir avec l'épisode de l'Orgueilleux et de son amie, et d'après moi le reste suit le même schéma, et ainsi Perceval est-il celui voué à trouver ce Graal (et non pas cet insupportable Galaad) qu'il vit d'abord passer sans mot dire.
A ce propos, pour ceux qui le décrient là-dessus, c'était nécessaire. Perceval n'était pas encore initié, il n'était donc pas en mesure de dire les mots attendus. Et s'il avait parlé dès le début, la Quête n'aurait pu se faire, et sans Quête, pas de cheminement intérieur, tous les chevaliers seraient resté des chevaliers terrestres en attente de vaine gloire mondaine, au lieu de se chercher eux même… bon je sais tout cela est confus, mais Perceval est présenté comme le chevalier célestiel, (un Messie en quelque sorte) ce qu'il cherche n'est pas gloire mondaine, mais gloire céleste, qu'il ne peut trouver qu'en cheminant en lui même (le magnifique épisode des 3 gouttes de sang sur la neige sont un bon début)(ou pourquoi la neige me rend encore plus folle que de coutume) , et c'est pour cela que folie le frappe. Ce n'est qu'en se perdant que l'on peut trouver un tel chemin. Les saints les plus cotés sont ceux qui ont traversés une phase de folie par laquelle ils ont pu accéder au chemin du divin…(à vaincre sans péril on triomphe sans gloire) je ne vous fait pas un éloge de la folie (pour cela référez vous à Erasme) mais c'est un aspect important pour comprendre ce qui fait de Perceval un être si fascinant. Et c'est l'initiation…
Pas étonnant qu'il ait intéressé de près les… symbolistes. Et siiiii (rire satisfait et un brin sadique) oui il fallait que je les case ceux là, mais en même temps Perceval est l'icône la plus parfaite du symbolisme d'après moi. ^^
Pour résumer, il est l'incarnation du chevalier célestiel (si, ce mot existe par décret du roi, et le roi c'est moi), il est l'incarnation de l'être qui cherche en lui même pour atteindre le divin (et ça me fait penser à mon cours sur les religions romaines), qui cherche en lui même pour se trouver, tout simplement. Il est le jeune homme que folie doit frapper avant d'atteindre la sagesse, il est l'Initié, et bien plus que cela encore.
je ne puis résister à vous présenter une autre représentation que mon ami Jean Delville fit de lui :
Aaah quelle beauté, quelle harmonie des formes et des couleurs, je ne sais pas, mais ce tableau dégage quelque chose qui me fait frissonner d'exaltation. C'est tout simplement rayonnant, comme cette lumière qui vient frapper le siège de ses pensées, avec cette chevelure d'or qui se confond avec le feuillage, et la lance ceinte d'un voile comme pour lui enlever son aspect guerrier, meurtrier, pour l'assimiler à la sacralité, même si la lance de Longinus est plutôt du ressort de Gauvain (tout l'inverse de Perceval… un homme qui n'évolue pas, un chevalier des vaines gloires mondaines qui ne cède pas à la folie pour le faire face aux frivolités qui le ridiculisent) et qu'elle lui obscurcit plutôt le visage… c'est de toute beauté… et non je ne me répète pas.
Je n’ai pas de dieu, pas de religion. Je suis fascinée en revanche par la conception de sacré et de divin, et je pense que c’est pourquoi j’aime tant les mythologies du monde entier. J’ai mes propres conceptions du sujet, ma mythologie personnelle, dont chaque objet n’est pas une entité divine à laquelle je voue un culte, mais un symbole de ma conception de la sacralité. Symbole, idée, idéal.
J’aimerais, comme William Blake, pouvoir voir du divin dans chaque chose. J’aime d’ailleurs beaucoup ses pensées sur la question, car il me semble que sa mythologie est, comme je le recherche, avant tout comme ressortant du symbolisme.
L’objectif étant de voir plus loin, voir au-delà. Ouvrir ses yeux sur un ailleurs transcendant qui n’est peut-être que dans l’esprit, mais qui est.
Je crois que ça ne voudra rien dire pour personne, mais je me comprend, et c’est déjà pas mal.
Bonne fête à Perceval, donc. Bonne fête aux symbolistes, et à William Blake, tant qu’on y est.
Note en passant : je trouve ça assez curieux de m’intéresser au bouddhisme au moment même où mes passions son à leur paroxysme, quand le bouddhisme prône le renoncement des passions. En même temps, renoncer à ses passions demande déjà une immense passion. Passion, je le rappelle, c’est patior, la souffrance. Souffrir pour s’affranchir de la souffrance. Etre passionné pour annihiler la passion. Je trouve ça très intéressant. Le renoncement, c’est la transcendance de soi pour quelque chose de plus grand, c’est une forme suprême d’amour. Non ?
Et mes plus tendres pensées pour mon saint Graal, mon calice sacré aux lèvres duquel je bois la plus merveilleuse des expériences mystiques, dont la lumière m’irradie et me permet de voir, de ressentir et d’aimer au-delà.
nous sommes la on peut te donner des conseils, te prendre dans nos bras tu sais!
on taime