Il n’est pas malaisé de pratiquer la magie, de la ressentir au fond de soi.
Il faut avoir une œuvre, celle qui fait accélérer les battements du cœur, ouvrir la porte vers un au-delà, tourner amoureusement les pages, les yeux pleins de merveilles, frôler le papier empreint de cette odeur des temps passés, s’imprégner… s’immerger…
Caresser du regard la projection pure de l’esprit de ceux qui nous ont ouvert leur monde, et y entrer, avec passion.
Parcourir ces phrases qui s’épanouissent en nous comme autant fleurs, piliers, marbres, étoiles, constituants cet ailleurs dont nous faisons partie, l’âme vibrant des Mots du Maître.
Ils résonnent dans tout notre être, se distillent dans le sang en un torrent mélodique tumultueux qui, se déversant dans chaque veine, nous plonge dans un charme hors du temps, une torpeur mystique, un éveil cosmique.
Le cœur du Maître bat à nouveau, à la cadence sourde du nôtre, son souffle est sur nos lèvres pieuses… Qui peut dire qui revit à travers l’autre ? Celui qui lit et éveille son esprit, ou celui que nous invoquons à travers les éons, depuis les sphères où il réside, et qu’il nous fait entrevoir par ses Mots ?
Car il est des vers qui rendent immortels ceux qu’ils rongent, gravant leurs noms dans les astres du firmament, où ils brillent, et brilleront tant que quelqu’un, quelque part, invoquera leur nom et sentira son âme ravie par leurs Mots, depuis là-haut.
Nel mezzo del camin de nostra vita
Mi retrovai per una selva oscura,
Ché la diritta via era smarrita
Ahi quanto a dir quel era è cosa dura
Esta selva selvaggia e aspra e forte
Che nel pensier rinova la paura !
Tant’ è amara che poco è più morte…
Ducit amazonidum lunatis agmina peltis
Penthesilea furens mediisque in milibus ardet
Aurea subnectens excertae cingula mammae
Bellatrix, udetque viris concurrere virgo…
Mon nom sera oublié, car je fais partie du commun des mortels, aucun de mes mots n’accédera à la postérité, personne n’invoquera si piètre… et des mots, j’en manque, pour dire à quel point je les aime, quel sentiment merveilleux sourde en moi quand la magie opère, chaque fois…
Toujours mes deux amours, qui me font vivre à travers leur esprit, et qui vivent à travers mon souffle, au delà des siècles…