Samedi 16 janvier 2010 à 3:16

« Tu as signé un pacte. » « ah bon ? » « et ouais, on t’as bien eu, hein ? aller, aboule ton âme »
 
en gros, ça commence comme ça, et c’est un peu la trame de l’histoire. Celle qui nous sommes allé voir avec mon esclave. On était bien à faire nos commentaires à voix hautes absolument seuls dans la salle, jusqu’à ce qu’évidemment quelqu’un arrive. UN pèlerin. Et comme nous sommes des jeunes gens bien élevés, nous avons baissés le son. Je savais qu’il se mettrait derrière en plus.
 
Oui, donc, nous sommes allés voir Solomon Kane. Je sais que personne ne lis ces lignes, mais au cas où quelqu’un le fasse et aie la mauvaise idée de continuer, ça va spoiler à mort, sans aucune retenue.
Je savais bien dès le départ que ce ne serait pas le film du siècle, juste un autre film agréable d’aventure avec de la fantasy, du sang, et des supers chapeaux, et c’est ça qui m’a donné envie d’aller voir le film, et non le mec qui s’étale sur l’affiche moulé dans un futal en cuir avec des armes mortelles un peu partout sur le corps.
Du coups, je n’ai pas été déçue, car c’était comme je l’imaginais, sans surprise, manichéen à souhait, avec presque tous les clichés de l’histoire heroïc fantasy. J’avais commis un article là dessus il y a bien longtemps, 3 ans exactement,, si vous y tenez absolument, fouillez donc pour le voir.
Néanmoins c’était agréable et divertissant, ne serait-ce que parce que le héros n’est pas trop mal sapé, qu’il a un super chapeau, et qu’il aime se servir de ses lames, au fond de lui (enfin surtout au fond des autres, en fait).
Oui donc au début c’est un pilleur sans foi ni loi, et puis il arrive dans un endroit glauque et là un Nazgûl arrive (Sauron les loue pour essayer de se refaire une fortune qui lui permette de reforger un anneau et tout) et lui dit que son âme appartient à Satan, et Solomon a l’air tout ébaubi, alors il dénie et décide qu’il ne tuera plus personne. C’est ça.
Bien sûr, il fallait qu’il y ait des gentils qui meurent et une jeune donzelle pas trop moche qui se fait enlever. C’était absolument inévitable. Même que la donzelle en question s’est fait enlever parce que c’est une vilaine mateuse. Nan, je ne pense pas, mais c’était mérité quand même. Et donc Solomon se dit que, tant qu’à faire, il va se remettre à tuer.
Alors, ça fait partie des trucs que j’ai pas compris. En gros, on est en Angleterre au XVIIe, il paraît (il paraît, hein, faut surtout pas y aller pour voir de l’historique, oulala) et il y a plein de villageois innocents qui se font enlever par des méchants pas beaux tout rasés berk. Les méchants rasés mettent les gentils villageois innocents dans des cages et… heu, pourquoi, en fait ? pour quoi faire ? j’ai ma théorie, mais je ne vais pas la dire tout de suite pour faire du suspens, n’est-ce pas.
Bref, Solomon poursuit les ravisseurs de la donzelle, se fait crucifier (d’ailleurs faudra un jour qu’on vous dise la vérité. ON NE TIENT PAS SUR UNE CROIX AVEC DES CLOUS DANS LA PAUME. Ca c’est un mythe, quand les peintres se sont mis à représenter des crucifixions, il y a beau temps qu’on ne les pratiquait plus, alors on s’est dit tiens on va mettre les clous dans les mains, et tout le monde a repris. Mais c’est pas vrai, si on met le clou dans la paume, tout ce que ça va faire c’est que avec le poids du corps ça va tout déchiqueter et que du coups ça tiendra pas. Nan, si vous voulez crucifiez quelqu’un, il faut planter les clous au poignet, là c’est solide, ça tient. Bon après si quelqu’un a un témoignage qui démente ça, je veux bien. Mais quand même, cette scène n’était pas sensé nous faire rire, je crois. Là on peut se dire que les croix, il en a vraiment plein le dos… (hey, vous savez ce qu’il a comme scarification dans le dos ? une croix ! du coups, vous avez vu, j’ai fait de l’humour ! je suis obligée de le dire, sinon personne n’aurait remarqué ) et après y’a des types qui décident qu’il faut qu’il bute le mec qui est derrière tout ça, tant qu’il y est, et il est bien obligé d’accepter.
http://lostsoulslair.cowblog.fr/images/FraAngelicoChristnailedtothecross.jpg
Fra Angelico, Crucifixion, 1440.    un cours de crucifixion, qui, si vous avez suivi, n'est pas à reproduire

Et le mec qui est derrière tout ça, il s’appelle Malakaï, ce qui m’a fait rire pendant tout le film (du moins la partie où ils disaient son nom) parce que déjà ça fait cliché fantasy (un méchant avec le suffixe –mal dans son prénom, avec du –k et du –aï) et en plus dans ma tête j’entendais « ma la caille ». il m’en faut peu pour rire toute seule. Et donc ils vont chez la caille, et en fait il s’est installé chez le papa de Solomon qui est un seigneur, et il a refait la déco. Ben oui, quand on est méchant, on refait toujours la déco, en mettant notamment des crânes partout pour qu’on ne se trompe pas et qu’on aille pas égorger le voisin. C’est une intention délicate tout de même.
Ah. La caille. Et bien je trouve vraiment dommage qu’on ne le voit que 2mn parce qu’il est quand même sacrément classe. Et ceux qui disent que pour moi il suffit qu’un mec ait les cheveux longs, un peu de cuir bien placé, éventuellement quelques scarifications choisies avec soin, pour être classe, et bien ce sont des médisants.
 
PUB
http://lostsoulslair.cowblog.fr/images/elfnet1.jpg
 
http://lostsoulslair.cowblog.fr/images/elfnet2.jpg
PUB

Quelques mots sur la caille, tant qu’on y est, regardez le bien. Non, vous ne rêvez pas, il a des écritures sur la gueule !
 
http://lostsoulslair.cowblog.fr/images/Malachi.jpg 
Moi ça m’a fait penser direct à ça :
http://lostsoulslair.cowblog.fr/images/cranepeintall.jpg
C'est Allemand, certainement XIXe, parce qu'on ne peut pas faire plus romantique de toute façon

Mais en fait, avec mon esclave, nous sommes parvenus à reconstituer l’histoire de ce sorcier.
Lorsqu’il était étudiant à sa fac de sorcellerie, la caille travaillait dur car il était ambitieux. Il travaillait si dur, en fait, que par malchance il n’eut pas les réflexes nécessaires pour repousser le sort d’endormissement jeté par son camarade de derrière, et il s’est affalé sur sa feuille lors d’un examen. Sauf qu’il avait mis une antisèche dessus, parce que quand on est dans la DARK (Dubious Academy of a Rogue Kind), qui comme son nom ne l’indique pas est spécialisée en magie noire, ben c’est un peu une pratique traditionnelle. Sauf qu’il ne faut pas se faire gauler. Et les petits camarades ambitieux de la caille eurent une inspiration diabolique qui rendit très fier leur prof, car ils avaient rendu l’encre de l’antisèche humide (elle portait bien son nom du coups) et indélébile. Si bien que même si la caille ne resta endormi que 2mn, il avait son antisèche tatouée sur la gueule, ce qui fut très mal vu par le prof, qui lui inséra un bout de barbelé sur le front en le frappant pour s’être fait prendre, si bien que ça lui inspira une rage folle et qu’il tua les profs qui voulaient l’interdire d’examen, les camarades qui l’avaient floué, et ceux dont il n’aimait pas la gueule. Le directeur, qui n’avait pas été atteint, pensa que c’était un très bon état d’esprit et qu’il avait montré beaucoup de talent dans l’opération, et il finit major de promo. Depuis, il prétend que les écritures sur la moitié de sa face sont des versets sataniques qui lui donnent un grand pouvoir. Ah, et les cicatrices autour de la bouche, ce n’était pas une punition quelconque, c’est juste que c’est la mode des sorciers classes psychopathes. Depuis la Bouche de Sauron, tout le monde s’y est mis. En même temps, la caille a du l’avoir comme prof de manipulation, à moins que ce ne fut lors de son intervention lors d’un cours de Mise en scène du pouvoir diabolique, lors de la leçon donnant des recommandations sur les choses à faire et à éviter quand on veut que tout le monde sache qu’on est méchaaaaant. Il devait avoir Durza comme camarade de classe. Mais retournons à l’histoire qui a été montrée.
 
En parlant de ça, si vous regardez bien les tatouages et autres scarifications que Solomon Kane exhibe plus ou moins nonchalamment, vous vous rendrez peut-être compte que lui aussi a des versets écrits sur le torse. On pourrait même faire un cours d’épigraphie grecque sur lui. C’est classe. Je suis gentille je vous laisse le lien où vous pourrez admirer ça, ainsi que des morceaux de l’œuvre originale qu’a l’air pas mal.
 
 
La dextérité de la caille en magie noire (il a passé la spécialité miroirs maléfiques) aurait pu laisser penser qu’une balle tirée en pleine tête s’évite d’autant plus facilement qu’il l’avait appris en 3e année en cours de Défense de l’intégrité physique et mentale. Bon, ça faisait longtemps qu’il ne s’était plus entraîné et qu’il avait quelque peu oublié la leçon « développement de l’alerte défensive pendant une menace de mort sur otage/victime que certains tentent de sauver », qui était pourtant une fondamentale, mais dont il ne s’était pas servi depuis longtemps.
Là, sur cette photo, on remarque plusieurs choses : il était enfermé en attendant que son antagoniste pointe le bout de son chapeau (fort beau, au passage). Remarque 1 : les sorciers passent beaucoup de temps enfermés, ce qui explique leur teint pâle (qui peut aussi s’expliquer aussi s’ils ont suivi le cours de Mise en scène du pouvoir diabolique) remarque 2 : quand les sorciers ou tout autre bastard de service attend que l’antagoniste vienne le rejoindre dans une salle bien fermée, il faut qu’il s’occupe. Je me suis souvent demandée ce qu’ils pouvaient faire. Là je le soupçonne d’avoir été en train de bouquiner l’intégrale Harry Potter et d’avoir fait disparaître le volume avant d’ouvrir la porte. Mais en fait… on ne sait pas. Si vous avez des propositions…
http://lostsoulslair.cowblog.fr/images/BienMalachiNeProfiteJamais.jpg
 
ah, et là on peut revenir à ma théorie. Si vous regardez derrière son siège, vous remarquerez des corps enchevêtrés pour parfaire la déco, parce que quand on est méchant, on adore mettre des cadavres un peu partout. Et ainsi, je pense que tous les gens enlevés par la caille l’étaient pour l’aider à parfaire la déco, tout simplement. Bon, et pour nourrir ses miroirs, et parque quand on est méchant, on enlève les gens rien que pour embêter. Et on remarque qu’il est bon en incantation, et qu’il a du raquer/tuer beaucoup de personnes pour avoir un miroir assez grand pour son invocation finale. Enfin bref.
 
Ah et en fait c’est en voyant le générique que je me suis rendu compte que Ma La Caille en fait ça s’écrit Malachi, mais que c’est prononcé à la saxonne. Et là, je me suis dit que j’avais déjà vu le nom Malachie/Malachia écrit quelque part.
Et après recherches, de façon étonnante, il semblerait que je l’ai vu dans un truc ésotérique puisque Malachie était un moine illuminé du XIIe qui prophétisa les 111 papes à venir, à l’aide de devises obscures du style « il sortira de l’école », « le corbeau schismatique », « l’amant de la croix », etc, et bien sûr on arrive a relier chaque pape avec sa devise, parce que la devise fait référence à une ville natale, à un blason, à des mecs pour qui il a bossé, du fait qu’il soit mort lors d’un quartier de lune… enfin, on arrive toujours à trouver une concordance plus ou moins farfelue.
Et notre Benoît XVI, sa devise c’est « de la gloire de l’olivier », et je vous le donne en mille, c’est le 111e pape. Je n’ai pas très bien compris ce qui devait se passer après, tribulations, persécutions, et il y avait des mots comme « destruction de Rome » et « Jugement Dernier » alors je suppose que ça fait référence au fait que ça sera l’Apocalypse en 2012. ils avaient drôlement bien arrêté leur calendrier les Mayas. Mais consolez-vous, si on rate la fin du monde en 2012, ça sera pour 2036, Apophis va nous faire la peau. Vous savez, le dragon de la mythologie égyptienne qui menace de dévorer le soleil chaque nuit, et que seul Seth a le pouvoir de pourfendre ? Seth étant devenu Satan, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
Heu, bref, quand j’ai vu la gloire de l’olivier de Benoît, j’ai tout de suite pensé à l’Inquisition, va savoir pourquoi. ON me dira que je n’ai besoin de rien pour penser à l’Inquisition, bande de sycophantes. Mais en fait, ça m’y a fait penser parce que avant d’être pape, Joseph Ratzinger a été préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et vous n’êtes pas sans savoir qu’à l’origine (c’est-à-dire au XVIe siècle… je voyais ça plus ancien) ça s’appelait… Sacrée congrégation de l’Inquisition romaine et universelle. Qui devait bien entendu « défendre l’Eglise des hérésies ». oui, je sais, c’est facile, ça n’existe plus l’Inquisition, et tout le monde le ressort tout le temps pour stigmatiser Benoît comme si c’était Torquemada en personne, mais quand même. Ah, et le rapport avec l’olivier, et qui m’a fait penser à l’Inquisition en voyant sa devise, c’est que la branche d’olivier fait partie des emblèmes de l’Inquisitionespagnole. Donc, fail. Rha, on ne s’improvise pas exégète de prophéties comme ça, non plus. Mais ça m’aurait fait marrer qu’il y ait une branche d’olivier dans l’emblème de la Congrégation, ce qui n’est pas le cas, apparemment. 
 http://lostsoulslair.cowblog.fr/images/inquisitionembleme.jpg
Ah, et lisez donc cet article édifiant, qui parle, comme cet article jusqu’à maintenant, de sorciers et de papes. Lisez aussi les commentaires, certains sont encore plus édifiants.
 
 
mais on va rester dans le cinéma.
Je suis sûre que tous ceux qui lisent cet article se souviendront de celui qui parlait du manhwa Priest, et des espoirs fondés dans l’adaptation cinématographique. Las, ces espoirs sont bien déçus !
Normalement, Priest, c’est ça :
http://images.blog-24.com/370000/366000/366114.jpg
http://files.myopera.com/Nagisa/files/priest_BIG.jpg
 
Et pour l’instant, l’adaptation, ça donne ça :
http://2.bp.blogspot.com/_3N0PG192wXQ/SrtJb99Z01I/AAAAAAAAAA0/ZfinzwLg6e0/s1600-h/Priest.jpg
 
Y a t’il rien de moins commun au monde que ces deux figures parfaitement antithétiques ?? j’enrage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie, etc. je n’ai pas besoin d’en voir davantage pour dire que je visionnerai pas cette hérésie, et j’enjoins chacun à faire de même. Lisez plutôt le manhwa, et admirez.
 
Autrement, je voulais parler de la transmission de la lycanthropie, étant de nouveau dans ma période loup-garou après avoir ouvert les Lais du Bélériand. Si, si, il y a un rapport, un rapport qu’est le Seigneur des Loups-Garous lui-même. Et vous le connaissez en plus, vu que c’est rien de moins que les Seigneur des Anneaux lui-même. C’est un seigneur de beaucoup de choses, notre Sauron
Oui, donc, je voulais discuter de loups-garous, mais je pense que je ferai plutôt après vu Wolfman, qui m’a l’air d’être bien classieux. Mon esclave m’a gentiment informé que c’était un remake d’un film du même nom de 1946, je crois, et il est aussi impatient que moi de le voir. Mirez juste un peu l’affiche, déjà.
Voilà. Et ça se passe au XIXe siècle. Et il y a Hugo Weaving. Je crois que ça m’inspirera bien…
 http://4.bp.blogspot.com/_cLcEsAhItDU/SwO7NCQiFII/AAAAAAAAAHk/zvvUrhcxEjY/s1600/Wolfman+International+Poster.jpg
J’aurais bien voulu parler du destin d’Antinoos, aussi. Mais pas assez de doc. Et des rois de l’Inframonde. Peut-être pour plus tard.
Et cette connerie de titre, et bien, c’est un résumé épars de toutes les bêtises qu’on peut retrouver dans l’article.
http://www.linternaute.com/sortir/cinema/film/photo/les-evenements-cinema-de-2010/image/wolfman-519064.jpg
 
Vale, et que les hurlements du lycanthrope vous bercent dans un rêve où les prêtres possédés tirent leur chapeau après avoir dégainé leur flingue, et où les sorciers ont des têtes de dictionnaire du diable.

Dimanche 26 juillet 2009 à 15:00

« Les enseignes du roi des Enfers s’avancent »
Dante, la Divine Comédie, l’Enfer, XXXIV, 1
 
All hail, all hail. Et bien ça prend la poussière par ici! Manque de motivation, de temps, d’envie simplement. Sachant que je voulais que le prochain article posté présente le dessin promis à Aya, que je ne peux me résoudre à exposer en raison de son extrême laideur, j’ai longtemps renâclé à poster avant de remettre ce pénible instant de honte à plus tard.
Passons. Manque de temps, entre l’administratif (j’ai mon année, ce qui est heureux, mais bonjour la galère pour s’inscrire en master quand on n'a pas eu le moindre renseignement de l’année faute de profs sous la main) et le boulot (fort plaisant au demeurant, que je me trouve très chanceuse d’avoir).
 
            Ha et sinon, si vous avez vécu un nombre incroyable de déveines et de petits tracas irritants dans votre vie quotidienne entre le 14 et le 18 juillet, c’est normal, c’était les jours épagomènes du calendrier de l’Egypte ancienne. Il s’agissait des 5 derniers jours de l’année, et bien que l’on y célébrât la naissance de 5 des principaux dieux de l’Ennéade égyptienne (Osiris, Horus l’Ancien, Seth, Isis et Nephtys), ils étaient considérés comme néfastes, et il valait mieux éviter de sortir. Et j’ai vérifié, ça n’est pas arrivé qu’à moi, ce n’est pas de la paranoïa !
http://www.e-voyance.com/dossier/im_astrologie/Denderah.jpg
 
 
Bref, en fait je fais un article pour la saint Joachim. Il faut bien trouver des prétextes pour écrire hein. Joachim a beau avoir l’immatérialité des rêves (ou des cauchemars, c’est selon) il est si vivant dans mon esprit qu’il a véritablement acquis une existence propre, ainsi que ceux qu’il aime à persécuter gentiment.
Donc, pour fêter Joachim, voici un petit florilège des meilleures histoires (selon moi, hein) d’ecclésiastiques qui ont mal tourné malgré une profonde piété qui parfois n’est que feinte. Si ça ne rappelle pas un certain kinquisitor ça. (pas de faute de frappe, trouvez vous-même le jeu de mot pourri)
 
Matthew Gregory Lewis (1775-1818) : Le Moine (1796)
L’auteur avait à peine 20 ans, d’après son propre aveu, lorsqu’il écrivit cette nouvelle. Diantre, je donnerais cher pour être capable de faire moitié aussi bien.
Cet ouvrage est un bijou : du romantisme anglais des débuts, du pur gothique, une histoire malsaine transposée dans l’Espagne de l’Inquisition, et surtout, surtout… un moine qui se déprave. Il y a longtemps que je l’ai lu (je n’arrive pas à remettre la main sur mon exemplaire, perdu au fond d’une couche stratigraphique sans doute ancienne dans le terrain de fouille très fertile de ce qui me sert de chambre), je ne me souviens donc plus de tout, mais l’histoire se laisse lire avec grand plaisir. Cependant, comme il y a de nombreux personnages, et ainsi de nombreuses intrigues, il ne faut pas abandonner sa lecture trop longtemps au risque d’avoir du mal à tout remettre.
Ah, oui, le fil conducteur est tout de même l’histoire d’un moine, Ambrosio, pénétré d’une incroyable piété, que l’on le voit perdre au fil du récit pour sombrer dans la violence et la dépravation impliquant aussi une jeune demoiselle de haute vertu, Antonia.
A cette lecture, on ne s’étonne pas non plus de l’impact que ce roman a pu avoir : il est effectivement très fort, s’attaque à des thèmes glauques et choquants, surtout au XIXème siècle, mêlant satanisme, hypocrisie religieuse, sorcellerieinceste, viol, luxure, etc, avec des descriptions très parlantes. Une qui m’a tant marquée que je m’en souviens encore concerne la description de la putréfaction d’un nouveau-né que sa mère serrait encore amoureusement dans ses bras au fond de moites catacombes. Damned, il faut vraiment que je le retrouve.
Dans mes souvenirs, toujours, l’auteur (enfin la traduction aussi faut dire) arrivait à dépeindre une ambiance délicieuse. Bref, un livre à ne pas rater.
Le lire en ligne (dans un français qui date un peu)
 
http://clintedwardsmusic.com/blog/wp-content/uploads/2008/11/oehme_cathedral.jpg
Ernst Ferdinand Oehme, cathedrale en hiver, 1821
 
E.T.A. Hoffman : 1776-1822: les Elixirs du Diable (1816)
Le Diable est décidément l’ami des romantiques. Vous remarquerez que les deux auteurs sont exactement contemporains. Hoffman a été très influencé par la lecture du Moine de Lewis, ce qui se ressent totalement dans l’intrigue (le fait qu’Ambrosio et Médard soient tous deux des prédicateurs capucins, notamment, et qu’ils soient l’objet des tentations diaboliques, inspirées par la vue d’une sainte sur une peinture) Hoffman allant jusqu’à citer l’œuvre de Lewis, que lit une de ses héroïnes (lecture choquante s’il en faut quand on dépeint cette demoiselle comme une sainte virginale)
Là, on est encore en plein romantisme, en plein gothique, mais cette fois du côté allemand. Je viens de le finir, donc les impressions sont cette fois toutes fraîches dans ma tête.
L’histoire est donc celle des pérégrinations de Médard, jeune moine capucin, sur les voies du vice et de la rédemption, au gré d’aventures tout à fait rocambolesques.
Parfois un peu trop, certaines fois ce qui arrive à notre héros est un peu gros, sous prétexte d’un merveilleux hasard –diabolique- qui devient un peu lassant. J’aime beaucoup le style XIXeme, mais par moment celui-ci était plutôt ronflant et ennuyant (ouais exactement comme celui que j’emploie ici), et les revirements de sentiments, incessants, de Médard, ne l’étaient pas moins. Je déplore aussi les dialogues parfois trop longs entre les personnages, surtout quand ils sont secondaires et qu’ils racontent leurs vies ou se perdent dans des considérations soit disant philosophiques un peu ridicules. Dernier point noir, dans la dernière partie du livre, les généalogies sensées révéler le fin fond de l’affaire sont difficiles à suivre (tout le monde s’appelant pareil) ce qui devient désagréable.
Ca fait pas mal de points négatifs, surtout si on compare au Moine de Lewis, mais en fait c’est un roman très agréable à lire, dans un style plutôt plaisant, et la descente aux enfers du moine est très intéressante, ainsi que les révélations successives. Les meilleures scènes sont bien sûr les plus glauques, même si elles ne tiennent pas la comparaison avec… vous aurez compris quoi. Oui, parce qu’on sent quand même une morale chrétienne derrière tout ça, ce qui était moins présent dans le Moine, plus sombre et plus violent. Autrement, l’histoire du vieux peintre est l’une des parties les plus intéressantes du livre, l’importance de la peinture elle-même m’a beaucoup plu.
En conclusion, j’ai envie de relire Goethe. (Pourtant un anti-romantique pictural. Allez comprendre)
 
http://www.museerops.be/techniques/dessin/images/tentation.jpg
Félicien Rops, la tentation de st Antoine, 1878 ( ?)
 
Théophile Gautier (1811-1872) : la Morte Amoureuse (1836)
Déjà évoqué amoureusement ici (et en plus j’évoque Lewis), et pour cause, ce petit bijou ne cesse de me ravir. Chaque pays marqué par le romantisme se devait d’avoir son histoire de prêtre sombrant dans le péché, et en France, cela me semble le plus beau récit de ce genre (parce que je suis en train de penser à Frollo dans Notre Dame de Paris, de Victor Hugo, mais ça fait teeeeellement longtemps que je ne l’ai pas lu en même temps que je ne me rappelle pas vraiment en quels termes sont évoqués les tentations de l’ecclésiastique. Mais bon, on va dire qu’un prêtre et un vampire, c’est plus intéressant.) Pas grand chose d’autre à rajouter que je n’ai déjà dit, la damnation éternelle d’un ecclésiastique pour une morte, conté par Gautier, et bien c’est le panard, mes amis.
Il me semble que le siècle où se passent les actions des ouvrages cités doit être à peu près le même. XVIIe-XVIIIe (ah si y’a pas de quoi se damner avec ça)
 
http://hoocher.com/Francisco_de_Goya/GOYA_Francisco_de_The_Bewitched_Man_1798.jpg
Francisco de Goya, l’homme ensorcelé, 1798
 
Pour finir, une lecture actuelle qui me plaît également beaucoup, même si elle est d’un style radicalement différent de ce qui vient d’être cité. Parce qu’il faut bien ouvrir ses horizons.
Effectivement, une fois n’est pas coutume, je vais citer un manhwa (je pense que vous savez tous mieux que moi de quoi il s’agit), Priest, de Hyung Min-woo. Commencé en 1998, cette série comprend aujourd’hui 16 volumes, et n’est toujours pas terminée.
C’est l’histoire d’un prêtre (vous l’aurez compris, je crois), Ivan Isaak, qui s’est retrouvé dans une situation suffisamment fâcheuse pour avoir à vendre la moitié de son âme au Diable. Que ferait-on sans lui, je vous le demande. Instrument du Malin, il trucide avec une efficacité qui ne cède en rien à une mortelle élégance (quoi j’interprète ça à ma sauce ?) tout ce que ledit Malin se plaît à lui désigner, et parfois il fait aussi des extra. Bien sûr, notre prêtre psychopathe et à demi possédé ne veut pas se laisser imposer sa conduite, et, bien sûr, il y a une histoire d’amour coupable derrière tout ça…
Je n’en suis qu’aux premiers volumes mais j’accroche bien à l’histoire et aux graphismes aussi tranchants et efficaces (et beaux) que la lame d’Ivan. Hey un prêtre à forte capillarité exerçant l’art de l’exorcisme express dans le wild wild west XIXe, si ce n’est pas le bonheur ça, qu’est-ce donc ?
http://www.j-pop.it/download/images/priest_04_BIG.jpg
 
Trêve de bavardages, mirez donc sa allmighty classe. Pour une fois, je dois dire que je suis fan du personnage principal qu’on me présente. Il faut dire qu’il a tout pour plaire, avouez.
http://www.j-pop.it/manhwa/images/priest_subject.jpg
 
Oh, et il paraît que cette merveilleuse histoire va être portée à l’écran. Il y a de quoi avoir peur, je le confesse, les adaptations de ce genre étant souvent… et bien… pas hasardeuses, mais dangereuses en tout cas. Mais bon, Paul Bettany est désigné pour incarner Ivan Isaak, ce qui est plutôt rassurant. Si vous ne le remettez pas, il a incarné, avec brio, Silas, le moine (tiens donc) albinos qui passait son temps à se flageller dans le Da Vinci Code. Prometteur, non ? J’espère juste que cette fois ils ne l’amputeront pas des cheveux…
http://thestar.com.my/archives/2008/10/20/lifefocus/f_pg05silas.jpg
 
Ce qui est le plus intéressant dans ces histoires impliquant des hommes de Dieu, c’est leur combat entre l’aspect spirituel de leur être, et leur aspect charnel, c’est la bataille entre l’esprit et le corps, c’est se rendre compte que finalement leur foi ne les sauve pas de n’être que des hommes, qu’ils peuvent eux-même souiller ce qui est pour eux le plus sacré, le plus céleste, s’abandonnant finalement à leurs bas instincts avec un contentement et une perversion encore plus malsaine que ceux du commun des mortels. Leur déchéance n’en est que plus terrible, plus perversement délicieuse, leur damnation plus retentissante. Ne serait-ce que pour eux-même, céder après cette longue lutte qui a eut lieu sous leur crâne, le martyr de la tentation, de sentir la faiblesse des convictions sacrées face à la persuasion de la chair. Et cette jouissance encore plus grande du vice, une fois que le pas est franchi, et qu’il n’y a plus de rédemption permise, une chasse effrénée pour ne plus avoir à regarder en arrière, pour ne plus penser à ce qui a été perdu –la foi qui faisait de la vie, de l’univers et de la mort des espaces structurés, régis par des lois, une morale, un équilibre- tout cela volé en éclat. Il ne reste plus qu’à s’enfoncer et se complaire dans une corruption de plus en plus poussée, de plus en plus terrible, de plus en plus irréparable. Voilà l’âme irrémédiablement perdue, avec la connaissance que des portes se sont fermées à jamais. Et la torture éternelle pour ceux qui souhaitent finalement s’amender…
 
Ah, et pour finir… Plutôt que de gâcher votre précieux argent dans Toilettes (ça ne laisse aucun doute sur son contenu), optez donc plutôt pour Carpe Jugulum, de Terry Pratchett, qui vient de sortir en poche. Une histoire de vampires autrement plus intéressante, où les célèbres sorcières de Lancre en ont après les Margopyr, buveurs de sang d’un genre nouveau ! Ca se dévore tout seul, c’est toujours aussi hilarant, notamment les réparties d’Igor et de Nounou dans le château, je dois dire. Certaines réflexions de Perdita, concernant Vlad (dans le passage où Nounou incite à la débauche, suivant son habitude) sont particulièrement savoureuses. Ah, et ce n’est pas éloigné du sujet puisqu’on y voit aussi un jeune ecclésiastique dont la foi va être mise à très rude épreuve…
A ne pas lire dans un lieu public, à moins que vous vous fichiez que vos voisins immédiats s’interrogent sur l’état de votre santé mentale en vous entendant rire comme un dément. Je sais que peu de personnes partagent mon enthousiasme pour cet auteur qui sait détourner, pour s’en jouer avec bonheur, les clichés qui dans cette histoire concernent les vampires et rappellent beaucoup les vieux films de la Hammer. 
http://www.jigsawgallery.com/prodpics/G597.jpg
 
Bien, assez de déviances pour aujourd’hui, ite missa est, comme qui dirait. Au prochain post, le dessin pour Aya. J’ai honte mais j’ai promis. En fait, je vais le refaire je crois.
Dernière chose : je ne peux m’empêcher de vous mettre une toile d’Ary Scheffer que j’ai trouvé extraordinaire lors de ma visite au Petit Palais (pour voir William Blake, moment d’intense émotion !) c’est son St Thomas d’Aquin prêchant la confiance en Dieu durant la tempête. Ce que je trouve de plus magnifique dans ce tableau (qui représente un ecclésiastique, et quel ecclésiastique, mes amis !) c’est qu’il fait très rock & roll. Sans rire, on croirait Thomas d’Aquin en plein concert devant une foule en délire. Vous ne trouvez pas ? En vrai, la toile est immense, et je vous jure que c’est beaucoup plus évident quand on l’a en face de soi.
 http://lostsoulslair.cowblog.fr/images/SchefferStThomasdAquinprechantlaconfianceendieupendantlatempete.jpg
Vale, et que les mangeurs de chairs en pierres du désert vous laissent suffisamment de sang pour que vous puissiez en remplir une coupe. Car celui « qui jettera l’autre en bas sera roi et aura droit de boire du sang ».

<< méfaits précédents | 1 | méfaits suivants >>

Créer un podcast