Une terrible nostalgie submerge mon cœur, un désir sauvage me tient, des images, des souvenirs déferlent sans cesse dans mon esprit, et un doux chant captivant me torture l'âme sans cesse. Je ne cesse de penser à toi, cher amour, et il me tarde de te retrouver. Voilà si longtemps que mes yeux ne se sont pas repus dans ta contemplation ! bien trop longtemps ! je sens que je ne tiendrais plus ! Ton parfum, ton air mystique, tu as si bien envoûté mon être que je ne peux plus vivre sans toi. Un feu ardent me brûle qui me pousse à te retrouver. Vite. Et bientôt, je te retrouverai. Pour combien de temps ? mon Graal. Pour toujours un monde à part, un univers mythique, hors du temps. Ma Bretagne bien aimée.
Chaque fibre de mon être me liant à toi vibre douloureusement en attendant de te revoir, comme un de ces torturés dont on frappe les cordes. Chaque goutte de mon sang provenant de toi fait circuler dans mes veines ton chant, en l'amplifiant, et il me transmet un appel irrésistible. Te revoir. Sentir le vent marin sur mon visage, vivifiant, porteur de tant de mystères et de légendes. Tes forêts profondes chuchotent des secrets provenant d'âges perdus, et dans les ombres de ses feuilles luisent parfois les armures de chevaliers en quête, au delà des murmures des ruisseaux sur la mousse.
C'est là que je connu Perceval, il y a bien des années.
Il y a le fracas des vagues déchaînées sur les rochers, l'immensité du ciel saphir sur l'immensité des eaux émeraudes. Ne serait-ce pas là que Lucifer perdit sa couronne ?
Sur les rivages crépusculaires, Nimrodel fixe éternellement l'infini, attendant le retour d'Amroth. Et de ces mêmes rivages, nombreux sont ceux qui sont partis vers l'au-delà dans leurs barques blanches, et nombreux les corps des marins que la tempête à jeté là. La baie des trépassés, des âmes en peine, ensanglantée parle soleil mourant, argentée par la lumière sereine et blafarde de la lune, au milieu des étoiles comme une reine morte entourée de sa cours fantomatique.
Au dessus de ponts immenses jetés par des anges, le vent poursuit sa course, aussi rapide que les morts, et il va harceler les vieilles pierres, témoins muets de temps perdus, et il va courir dans les herbes dont les bruissements évoquent ce qui a été oublié.
Vestiges d'un autre âge, d'un autre univers, en toi sourde une puissante magie qui a imprégné mes sens et mon âme.
Je suis tienne, je te retrouverai, et je retrouverai Perceval.
apelle moi faut que je te parle! (k)