La neige, ça a l'air très pur, ce blanc immaculé à perte de vue. Pourtant la neige est si impure, composée d'éléments qui peuvent être si sales… et puis elle recouvre tout comme un linceul, elle oppresse le sein de la terre comme le tombeau le sein de l'imparfaite courtisane de Baudelaire. La neige est froide comme la mort, elle en a le silence, le calme, le gel. La neige est un peu comme un cimetière. Et la neige est si belle. Le son même qu'elle émet lorsqu'elle craque doucement sous les pas des errants procure un sentiment de félicité.
Mais la neige n'est jamais plus belle que lorsque des fleurs pourpres viennent y éclore et qu'elles s'épanouissent, qu'elles allongent leurs pétales délicats sur leurs tiges écarlates. C'est un peu la vie qui jaillit sur la mort, et pourtant cette vie qui s'échappe est elle même comme un symptôme maladif et mortifère.
Et ces fleurs fragiles attendent qu'une âme contemplative s'en vienne pour rêver sur elles, s'abîme dans un songe où elles dansent, virevoltante, dans ce monde de trépas.
Oublie ton corps, oublie celui qui tient ton âme prisonnière de ses désir et lui enlève ses ailes. L'âme ne souhaite que voler dans l'air pur, dans les cieux lointains recelant toutes les merveilles que la terre a perdu. De ces cieux sont venus des pleurs qui se sont cristallisés, et la terre épuisée libère son sang le plus beau à travers ces fleurs, union des rêves perdus.
A celui qui contemple, l'âme est ravie. Puisse t'elle ne jamais retourner dans sa prison de chair et d'os.
Hélas, cette beauté mortelle finit tôt ou tard par s'évanouir, sous les feux du cruel soleil tueur des doux rêves des désabusés. Petite âme pourpre s'envole en se sublimant dans les cieux de cristal où elle rejoindra les soupirs exhalés par ceux dont les espoirs et les attentes sont déçus. Mais que restera t'il de cette éphémère beauté qui aura permis à Perceval de se recueillir ? une cicatrice. Sur l'âme.
Le vrai Graal est la coupe de l'âme emplie de notre sang, notre essence. Pour la trouver en ce monde amer le chemin est bien difficile et douloureux. Si seulement cette plaie voulait bien rester sur cette étendue ivoirine… pourquoi faut-il que ces fleurs s'évaporent ? je ne veux pas d'un bouquet de pâles petits fantômes, il me faut les voir rutilantes, ces chers rubis, ces perles cramoisies… restez ici, que je m'abreuve de vous, que mon regard vous frôle tendrement, que mes pensées vagabondent auprès de vous… que je trouve mon Graal.
Adieu velours incarnat… les voilà qui se fanent… il faudra recommencer quand le cœur sera las et révolté.
Perceval…
J'aime bien le premier paragraphe, même si je suis pas forcément d'accord.
Mais la suite j'ai du mal à comprendre...
Je retenterais une lecture plus tard.
En tout cas je goûte le style.
Ciredorn ;)