Hier était la belle journée de Pentecôte ! (pas eu le temps de poster avant minuit !) par un soleil radieux qui fit étinceler les jeunes feuilles comme autant de lames d'or ! ah beau spectacle en vérité, et l'air embaume ce tableau de mille senteurs envoûtantes qui ravissent l'âme d'un charme serein.
Non ça ne veux pas dire que j'ai passé la journée à contempler le jardin d'un œil alourdi par le farniente, j'aurais bien aimé d'ailleurs.
la Pentecôte donc! (l'exaltation sur la nature ensoleillée ne fait pas partie du sujet)
Pourquoi cet intérêt ?
Tout simplement car, comme chacun sait qui s'intéresse à notre bon roi Arthur, c'était à ce jour qu'il réunissait ses preux chevaliers de la Table Ronde !
Il me tarde de me replonger dans les délices des récits merveilleux de notre ami Chrétien de Troyes ! en ce moment ce serait pour voir la vision qu'il laisse de la chevalerie idéale telle qu'on la concevait au XIIe siècle et le poids de l'Eglise dans la formation de cet idéal… ah la fac m'a perverti je ne puis plus rien concevoir sans analyses ! ah, attendons au moins que ça soit fini…
Sans plus attendre un extrait d' Yvain, le chevalier au Lion, c'est le paragraphe d'ouverture d'ailleurs. Ayant l'esprit aussi fatigué que les doigts engourdis je ne recopierai pas la version en français moderne que je possède, préférant vous laisser savourer le français médiéval. Mes rares lecteurs pourront ainsi y aller de leur propre interprétation ^^
Li boins roys Artus de Bretaigne,
La qui proeche nous ensengne
Que nous soions preus et courtois,
Tint court si riche conme rois
A chele feste qui tant couste,
C'on doit nonmer le Penthecouste.
Li rois fu a Cardoeil en Gales;
Aprés mengier, parmi les sales,
Li chevalier s'atropelerent
La ou dames les apelerent
Ou damoiseles ou pucheles.
Li un recontoient nouveles,
Li autres parloient d'Amours,
Des angousses et des dolours
Et des grant biens qu'en ont souvant
Li desiple de son couvant,
Qui lors estoient riche et gens;
Mais il y a petit des siens,
Qui a bien pres l'ont tuit laissie,
S'en est Amours mout abaissie;
Car chil qui soloient amer
Se faisoient courtois clamer,
Que preu et largue et honnorable;
Mais or est tout tourné a fable,
Car tiex y a qui riens n'en sentent,
Dïent qu'il ayment et si mentent,
Et chil fable, menchongne en font
Qui s'en vantent et droit n'i ont.
Mais pour parler de chix qui furent,
Laissons chix qui en vie durent,
Qu'encor vaut mix, che m'est avis,
Un courtois mors c'uns vilains vis.
La Pentecôte m'est donc chère car elle me rappelle l'univers arthurien, et plus particulièrement mon cher, très-aimé et merveilleux Perceval…
Il m'est difficile de lui rendre hommage aussi bien que je le voudrais et c'est pourquoi il n'y en a pas eu avant ici.
Comment expliquer ce qui me fascine autant chez lui ? beaucoup restent sur l'image du jeune gallois inculte faisant tout de travers, quand ils ne voient pas en lui le gros bêta (par ailleurs charmant) de la série bien connue diffusée sur m6. oh, non, Perceval est loin d'être bête, il suffit de faire un petit effort de lecture… j'ai entendu beaucoup de critiques sur mon aimé… bien sûr au début c'est un ado un peu boulet, comme tous les ados, j'en connaît même beaucoup chez qui ça s'attarde dramatiquement. Voilà ce qui est très intéressant chez Perceval, c'est son évolution, c'est la façon dont il passe du statut de jeune ignorant turbulent à… chevalier célestiel. Car oui, c'est bien ce qu'il devient, c'est bien ce que Chrétien a voulu faire de lui, même s'il a disparu avant de pouvoir finir son œuvre… ce qui laisse un mystère fascinant, étant donné que chacun peut imaginer la suite à sa convenance, et beaucoup le firent, même si aucune version que j'ai lu ne me satisfasse. Selon moi, et je ne suis pas la seule à le penser, Perceval, celui qui brise, est également celui qui restaure. Là où il sème d'abord le désordre, c'est pour le mieux rétablir par la suite. C'est ce que l'on peut voir avec l'épisode de l'Orgueilleux et de son amie, et d'après moi le reste suit le même schéma, et ainsi Perceval est-il celui voué à trouver ce Graal (et non pas cet insupportable Galaad) qu'il vit d'abord passer sans mot dire. A ce propos, pour ceux qui le décrient là-dessus, c'était nécessaire. Perceval n'était pas encore initié, il n'était donc pas en mesure de dire les mots attendus. Et s'il avait parlé dès le début, la Quête n'aurait pu se faire, et sans Quête, pas de cheminement intérieur, tous les chevaliers seraient resté des chevaliers terrestres en attente de vaine gloire mondaine, au lieu de se chercher eux même… bon je sais tout cela est confus, mais Perceval est présenté comme le chevalier célestiel, (un Messie en quelque sorte) ce qu'il cherche n'est pas gloire mondaine, mais gloire céleste, qu'il ne peut trouver qu'en cheminant en lui même (le magnifique épisode des 3 gouttes de sang dans la neige sont un bon début)(ou pourquoi la neige me rend encore plus folle que de coutume) , et c'est pour cela que folie le frappe. Ce n'est qu'en se perdant que l'on peut trouver un tel chemin. Les saints les plus cotés sont ceux qui ont traversés une phase de folie par laquelle ils ont pu accéder au chemin du divin…(à vaincre sans péril on triomphe sans gloire) je ne vous fait pas un éloge de la folie (pour cela référez vous à Erasme) mais c'est un aspect important pour comprendre ce qui fait de Perceval un être si fascinant. Et c'est l'initiation…
Pas étonnant qu'il ait intéressé de près les… symbolistes. Et siiiii (rire satisfait et un brin sadique) oui il fallait que je les case ceux là, mais en même temps Perceval est l'icône la plus parfaite du symbolisme d'après moi. ^^
Pour résumer, je l'aime passionnément, il est l'incarnation du chevalier célestiel (si, ce mot existe par décret du roi, et le roi c'est moi), il est l'incarnation de l'être qui cherche en lui même pour atteindre le divin (et ça me fait penser à mon cours sur les religions romaines), qui cherche en lui même pour se trouver, tout simplement. Il est le jeune homme que folie doit frapper avant d'atteindre la sagesse, il est l'Initié, et bien plus que cela encore.
Après ce bref message d'amour indigne de lui, mais quels mots trouver qui rendraient mes sentiments, et quels sentiments pourraient être assez dignes de lui, ah. Bref, donc, je ne puis résister à vous présenter quelques représentations que mon ami Jean Delville fit de lui :
bon beh allez regarder là le temps que j'exorcise cette saloperie hérétique de pc qui pour une raison mystérieuse refuse d'afficher cette peinture pour la 10eme fois en 2 articles
Aaah quelle beauté, quelle harmonie des formes et des couleurs, je ne sais pas, mais ce tableau dégage quelque chose qui me fait frissonner d'exaltation. C'est tout simplement rayonnant, comme cette lumière qui vient frapper le siège de ses pensées, avec cette chevelure d'or qui se confond avec le feuillage,(tiens ça rappelle ce que je divaguais au début de cet article) et la lance ceinte d'un voile comme pour lui enlever son aspect guerrier, meurtrier, pour l'assimiler à la sacralité, même si la lance de Longinus est plutôt du ressort de Gauvain (tout l'inverse de Perceval… un homme qui n'évolue pas, un chevalier des vaines gloires mondaines qui ne cède pas à la folie pour le faire face aux frivolités qui le ridiculisent) et qu'elle lui obscurcit plutôt le visage… c'est de toute beauté… et non je ne me répète pas.
prière de ce rendre ici, pour la même raison que précédemment (brûlez-les tous, et torturez-les bien avant)
J'ai d'autres représentations de lui, mais l'ennui c'est que pour la plupart l'artiste est inconnu au bataillon… nous verrons cela pour un prochain article, avec quelques lignes du Conte du Graal…
Pour la musique, encore du Therion, mais on ne va pas se priver de ce qui est bon ! et cette musique en particulier car, ma foi, elle fait directement référence à la Quête du Graal. Selon une version Allemande du mythe, le Graal aurait été taillé dans la couronne d'émeraude ceignant le front de… Lucifer.
C'est bon, je l'ai casé, je peux fermer la boutique ! XD
Et vive la Bretagne !
envie de meurtre sur ce pc...
La démente qui ne pouvait pas faire un article sans parler de Lucifer et consort
Dessin inachevé, toujours de Delville, représentant encore Perceval… ah, que dire, je suis plus troublée encore que par le précédent tableau. Ici on touche au cœur, à l'âme, et cette figure abandonnée au divin me subjugue. Figure hiératique rayonnante, emplie de vie, avec les ondulations de sa chevelure et pourtant figée, sombre et comme recouverte d'un linceul, figure qui ne contemple pas ce monde, il se trouve entre les mondes, et au-delà. Vie et mort à la fois, céleste et terrestre, ombre et lumière, humain et divin…
"bien sûr au début c'est un ado un peu boulet, comme tous les ados, j'en connaît même beaucoup chez qui ça s'attarde dramatquement" -> Mouhahahaahahahaha Nous ne citerons personne xD
Perceval celui qui "nous les brise"? Ah nan j'ai dû mal lire alors^^
Aaah ça me souviens, on en avait parlé eau Lycée avec Mme...Machin (!) des trois gouttes de sang dans la neige! Même qu'elle avait fait un parallèle avec un autre film non?
J'aime bien le "Pour résumer..." car la suite de l'article est ensuite encore plus longue que le début xD
J'aime le translucide de la peau du personnage dans la première peinture de Delville. C'est marrant, je me met à penser comme toi pour trouver ce qui aurait pû te plaire ^^
Le deuxième, de Perceval, je l'adore vraiment! Ca fait vraiment penser au chevalier céleste comme tu le disais plus haut!
Bon ben finalement, pas posté avant minuit, mais posté quand même! ^^
hérésieeeeeeeeeeeeeeeee