Samedi 12 juin 2010 à 2:17

Il était une fois...
C’estoit il y a fort longtemps de ça, en l’an de disgrâce 1483, dans un pays pas si lointain… la perfide Albion, qu’on l’appelle… Les gens de ce pays avoient déjà des mœurs fort estranges, et passablement déviantes, mais après tout, ce sont des îliens , ils sont donc forcément perclus de tares ! nan, les Hyliens, c’est autre chose, mais reprenons.
Il se trouve donc qu’en cet année de disgrâce 1483, le roi de la perfide Albion, qui estoit le quatrième Edward de la série, commit une erreur politique majeure et de très mauvais goût : il trépassa.
Cependant, ce manque de savoir vivre arrangea très bien Richard, le fourbe frère du roi de la perfide Albion, car il désiroit fort s’asseoir sur son trône, avec sa couronne et autres quolifichets fort coûteux pour qu’on ne le confonde pas avec un autre rustre consanguin de son isle. Il se trouve que les rois de la perfide Albion se prestendoient être également rois de nostre belle France, pour dire comme leur précieuse théière estoit déjà bien fêlée.
Le problème était que Edward le quatrième avoit deux héritiers mâles en bonne santé, nommés de façon tout à fait originale Edward et Richard.
Hors de question de laisser un enfançon lui prendre la place, alors le fourbe frère du roi défunt déclara que le mariage dont ils estoient issus avoit quelques diableries louches bien peu catholiques, et que du coups ils ne comptoient pas. Pour dire qu’on n’a pas menti sur sa fourberie, mais on ne peut s’attendre à mieux du fleuron de la perfide Albion.
Il n’en restoit point là, cependant, et enferma les deux enfançons en la tour de Londres, où il les fit assassiner.
http://www.oceansbridge.com/paintings/artists/special/big/princess-in-the-tower-millais.jpg
 
On le supputoit fortement en tout cas, parceque hé, c’estoit un fourbe et qu’on n’attend point moins du roi de la perfide Albion. Il devint, cette formalité accomplie, Richard le troisième, et put retourner combattre des Henry et des Elizabeth, puisque ce ne sont que des sauvages là-bas, même s’ils veulent faire penser le contraire en prétendant que c’estoit là la guerre des roses. Toujours est-il que le fourbe trespassa à son tour 2 ans plus tard à cause d’une épine de rose sans doute, et d’autres se disputèrent le trône de la perfide Albion et ses quolifichets coûteux pour montrer qui est le plus fourbe.
Et le temps passa, sans que l’on retrouve jamais les deux pauvres enfançons, mais ces rustres avoient sans doute mieux à faire que de chercher deux pauvres enfançons quand ils peuvent en tuer d’autres.
Cependant, en 1674, -le temps avoit beaucoup passé- deux petits squelettes furent retrouvés sous un escalier de la tour de Londres, et on se rappeloit alors les enfançons d’Edward le quatrième, mais c’estoit un peu trop tard pour eux.
 
Le temps passa encore et un certain Millais, en 1878, peintre de haut talent, voulut rappeler au monde cette tragique histoire de l’innocence sacrifiée, à moins qu’ils n’aient gagnés une partie de cache-cache mais on préfère penser qu’ils ont été sauvagement assassinés dans des flots de sang, et de larmes, et de cris, etc. En tout cas, ça explique la présence de l’escalier derrière les jeunes garçons qui me rappelleraient presque Dante et Virgile avec du noir classe et de belles mèches blondes, si j’étais complètement obsédée.
J’adore ce peintre. Venez par pour mirer et admirer d'autres oeuvres de sa main.
 
Et en cadeau bonus, la version de Delaroche, que j’ai pu longuement admirer au Louvre avant qu’ils ne l’enlèvent au profit de croûtes représentant un infâme tyran, que-son-nom-pourrisse (ce sont des croûtes parce qu'il est dessus hein).
http://arttattler.com/Images/Europe/England/London/National%20Gallery/Lady%20Jane/Delaroche-X6725.pr.jpg
Un tableau très intense, même si la tête de Edward fait un peu flipper, genre il est complètement stone, mais même, il a un visage qui fait limite malsain, je trouve. On sent que le drame est sur le point de se produire avec l’air d’angoisse du jeune Richard qui semble entendre des bruits qui se rapprochent, ce que confirme le petit chien toutes oreilles dressées. Des ombres se dessinent sous la porte, indiquant que la fin est proche TINTINTIN. La tendresse qui se dégage de la relation que semblent avoir les deux frères, soudés dans l’attente d’un dénouement qu’on devine malheureux, est poignant. C’est le dernier moment où ils pourront être ensemble, isolés, protégés par le cadre formé par le lit dont il faut au passage admirer l’exécution. Mais bon, sait-on jamais, s’ils avaient grandi peut-être se seraient-ils entretués…
Je suis toujours très impressionnée par la maîtrise technique de ce peintre, au service de représentations dramatiques dont il sait choisir le moment le plus émouvant. Maître Delacroix admirait sa technique, mais lui reprochait d’enlever de l’âme dans le procédé (c’est ce que je ressens devant la statuaire grecque : ligne magnifique, mais sans âme) ce qui n’enlève pas que mr Delaroche était un très très bon artiste.. 
 
Un sujet en rapport avec Londres que j’ai enfin pu visiter… Si l’arrivée en la perfide Albion m’a donné l’impression d’être perdue dans des tableaux de Constable, la ville elle-même a nourri mes fantasmes victoriens. Je me suis sentie l’âme d’une Mina Murray, à quelques détails près, l’absence notable de Dracula n’étant pas la moindre, même si les afternoon tea déchiraient (aucun rapport entre le début de la phrase et sa fin mais ça ne fait rien).
http://chapelofresonance.com/wiki/images/8/82/Dracula_Curse_of_Darkness.jpg
une apparition de Dracula as promised. Du comte, vu par Ayami Kojima si mes yeux ne m'abusent. Le vrai il était prince mais il avait quand-même les cheveux longs et la classe qui va avec.
J’aurais bien mis Gary Oldman version victorienne mais dans le film c’est aussi un prince donc ça n’allait pas. Bref, OSEF. Et puis zut.
http://ayrim.files.wordpress.com/2008/12/039_9741gary-oldman-posters.jpg
 
 
Les musées anglais sont très bons je trouve au niveau muséographie, et ça a été un vrai bonheur de pouvoir muser au British Museum et voir enfin tout plein de choses étudiées en cours. Et puis retrouver Blake partout où j’allais c’était du bonheur. J’ai été étonnée, en plus de la sympathie (fourberie diront beaucoup) et de la propreté des autochtones, de leur goût pour le sanguinolent. C’est vrai quoi, v’la l’histoire et les meurtres horribles de Jack l’Eventreur, et viens par là au Donjon de Londres voir les supplices horribles qui s’y faisaient, et si t’es pas encore rassasié, t’as vu au musée Tussaud tu peux contempler les têtes tranchés (placées sur des piques) des plus célèbres suppliciés de la révolution française, avec une expression horrifiée et des flots de sang coulant de la bouche ! c’est très racoleur, autrement j’aurais été la première à y courir. En fait, les moulages des têtes des suppliciés ont fait partie des premières pièces de ce fameux musée, les Sanson ayant eu grand besoin de ressources supplémentaires. Mais il me semble qu’elles sont parties dans un incendie il y a très longtemps. La cire, ça fond bien !
Bref, je veux y retourner. J’ai manqué Rossetti, c’est inacceptable, donc rien que pour ça…
http://www.britishmuseum.org/images/ps337228_m.jpg
Là vous avez une magnifique tête d'Hypnos que je voulais beaucoup voir. c'est une copie romaine en bronze d'un original grec comme on ne s'en doutait pas du tout, et c'est du Ier-IIe siècle.
 
 
 
Ouais, j’ai toujours le sujet des Enfers sur le feu (ahah) mais c’est long, je veux m’appliquer (ben ouais ça mérite au moins de mater les épisodes de St Seiya Hades, parce que St Seiya c’est un peu LA référence en mythologie quoi, mais comme vaut mieux reprendre du début…j’aurais du faire un mémoire là-dessus, ça serait sûrement fendard), et malheureusement je n’ai pas que ça à faire (rien d’antithétique avec la parenthèse précédente). Alors il risque d’y avoir encore des œuvres présentées vite fait. 
 
http://www.saintseiya-world.com/images/sacredsaga/Volume%201/Theocracy/moyen/Hypnos.jpg
Haaan il a une aile sur son casque mais que diable le bronze de la photo précédente nous montrait un truc tout pareil sauf qu’il avait pas de casque et c’était Hypnos c’est totalement pas croyable !
 
 
Bien, maintenant je vais tenter de retrouver Perceval en ces forêts enchanteresses où il a dû se perdre avec délices voilà de cela quelques siècles, et non, vraiment, je n’absorbe aucune substance psychotrope.
 
Vale, et que l’heure du thé n’annonce point une tasse emplie de sang, sauf si vous êtes Dracula, auquel cas, puisse t’elle être constitué de sang de vierges du meilleur cru, à boire sur les genoux de Mausole devant les Néréides dansantes, tandis qu’Hypnos vous caresse doucettement le visage de ses ailes fraîches, tandis qu’une momie vous fait la conversation.

Lundi 24 mai 2010 à 1:07

Eloignons-nous quelques temps des Enfers(on y reviendra vite, j’ai quelques sujets en préparation là-dessus, et puis c’est cool les Enfers) pour l’occasion de la Pentecôte. Comme tous les ans, un petit sujet prétexte à parler des légendes arthuriennes, puisque c’est le jour de la Pentecôteque le roi Arthur réunissait tous ses chevaliers pour faire le point sur la Quête du Graal et autres, dénombrer les morts, disparus, illuminés, boire un coups entre potes et colporter les derniers ragots.
Du coups aujourd’hui vous avez droit à la présentation et interprétation personnelle d’une toile d’Edmund Blair Leighton représentant Tristan (qui fait partie du club très select de la Table Ronde) et Yseult. Bon, j’aurais pu faire quelque chose de plus chevaleresque avec Perceval par exemple (mais vraiment pour prendre un exemple au hasard n’est-ce pas vu qu’on ne m’appelait pas du tout Madame Perceval en fac d’histoire, absolument pas) mais ça sera pour une prochaine fois.
Et puis Tristan et Yseult ça sera très bien, et j’adore ce tableau, alors c’est parti. Par contre, comme c’est un peu analytique, ça risque d’être enquiquinant, je vous préviens.
 
http://www.illusionsgallery.com/TRISTAN-ISOLDA-L.jpg
 
 
Le tableau présenté est une œuvre d’Edmund Blair Leighton, que j’aime énormément beaucoup, datant de 1902 et dont le titre est Tristan et Yseult, aussi connu sous le nom de The end of the song. Il est conservé dans une collection privée et c’est une huile sur toile mesurant 79x69 cm. Ce peintre anglais, que j’aime beaucoup (quoi je l’ai déjà dit ?) montre un très grand intérêt pour la période médiévale, qui représente le thème de la plupart de ses œuvres.
L’inspiration médiévale, le soin extrême apporté au dessin et aux détails, l’influence romantique des compositions, l’insèrent dans le mouvement préraphaélite, que j’aime également beaucoup. Autre préraphaélite que je révère : Dante (avec un nom pareil, aussi) Gabriel Rossetti.
Ce tableau illustre le mythe littéraire de Tristan et Yseult, tombés amoureux l’un de l’autre après avoir bu un philtre destiné à Yseult et à son futur mari, Marc (parce que l’amour conjugal ne va pas de soi, même si c’est mieux pour tout le monde). Ils doivent alors tenter de cacher cette passion adultère.
Cette toile est d’abord une illustration de l’amour courtois, mais nous verrons aussi comment l’artiste en fait une mise en scène dramatique.
 
La scène de ce tableau est tout à fait courtoise dans sa réalisation, à savoir qu’elle met en avant l’amour impossible de deux jeunes gens. Enfin, dans mes souvenirs, l’amour courtois, c’est un chevalier, genre Tristan, en amour réciproque pour une dame (mariée, donc) genre Yseult, qu’il doit lui prouver par sa valeur et ses prouesses, mais qui n’est pas sensé aboutir à une relation charnelle. Dans la théorie, hein. Le dessin, ici, comme l’amour courtois, montre une idéalisation. Les deux personnages principaux, Tristan et Yseult, au centre du tableau, ont une beauté idéalisée (même si l’on est en droit de se montrer dubitatif quant à la beauté de la frange de Tristan, mais passons), et l’ensemble de l’œuvre est exécuté avec beaucoup de rigueur, presque photographique. Le moindre détail est pris en compte et représenté avec réalisme, ce qui permet en même temps à l’artiste de montrer sa grande connaissance de la période médiévale, même si l’ensemble, notamment dans le costume, n’est pas vraiment XIIe, grand siècle d’écriture du cycle arthurien, qui insérait ces légendes dans son époque, alors que les faits relatés remontent à la fin de l’empire romain, si je ne conte point de billevesées, et ça, pour l’Occident c’est au VIe siècle. Là Leighton dans le costume nous fait un petit mélange fantasmé médiéval, nan mais genre Yseult elle n’a pas de coiffe cette gourgandine !! durant tout le Moyen-âge, une femme « en cheveux », c’est-à-dire sans coiffe, donc, c’est comme si elle était nue. Le pouvoir érotique du cheveu en est en partie la cause, quand on est n’est pas une allumeuse, on les range, autrement c’est qu’on est une catin.
 
Tristan est un chevalier, mais il est aussi très connu pour ses talents de harpiste. Mais, si, puisque je vous le dit. C’est sous cet aspect qu’il est ici représenté. En effet il a un costume très simple –mais élégant- qui ne laisse en rien deviner ses qualités guerrières, costume qui est même abîmé par endroits –faudra me croire sur parole là-dessus, à moins que vous ayez de bons yeux- ce qui rend le contraste avec le costume somptueux d’Yseult encore plus saisissant.. Et cela rattache à la tradition de l’amour courtois venant des troubadours qui chantaient les louanges d’une dame inaccessible. La représentation d’instruments de musique médiévaux est fréquente chez Edmund Blair Leighton, qui par ailleurs les collectionnait, et on en retrouve notamment dans My Fair Lady ou dans Faded Laurels pour la harpe.
 
http://pictopia.com/perl/get_image?provider_id=207&size=550x550_mb&ptp_photo_id=145136
 
 
My Fair Lady, 1914 je l’aiiiiiiiiiiiiiiiime <<3
 
 
Le personnage central du tableau est clairement Yseult. L’œil du spectateur est tout de suite attirée sur elle, pour plusieurs raisons. D’abord la splendeur de son costume, contrastant avec celui de Tristan, et surtout sa couleur. La palette générale du tableau, très riche, reste cependant dans les bruns et dans des teintes plutôt sombres. Or, le costume d’Yseult est de couleur très vive, et représente de loin l’élément le plus coloré. En outre, elle est en pleine lumière quand les autres personnages sont moins éclairés (mais si), si bien que l’on peut avoir l’impression que cette lumière émane d’Yseult elle-même. Elle qui est la dame chantée et glorifiée, et tenant pour cela la place d’honneur, celle qu’elle tient dans l’amour courtois.
 
L’œuvre est très géométrique, délimitée par de nombreuses structures verticales, comme les arbres, ou les colonnes, et horizontales, comme la banquette où sont assis les deux amants ou le dallage au sol. Tristan et Yseult sont en quelque sorte enfermés dans cette structure de pierre, comme en une alcôve. Cette géométrie est brisée dans cette alcôve justement par des lignes courbes que l’on retrouve dans la harpe ou les colonnes torsadées. L’impression générale du tableau est très sereine, les couleurs sont plutôt chaudes et douces. La forêt derrière permet une ouverture sur la nature favorisant le sentiment amoureux. Je vous laisse le soin de l’interprétation de la peau de bête pour le coups à leurs pieds.
 
Cette toile donne l’impression d’une scène prise sur le vif, d’un instantané. Le spectateur se retrouve témoin d’un instant fugace. Le titre laisse supposer que cette scène se situe juste après la fin d’une chansonTristan a du chanter son amour pour sa dame, parce que si c’était pour quelqu’un d’autre, ça la foutrait mal quand même. Tristan se penche sur Yseult et semble sur le point de l’embrasser, alors qu’elle même est visiblement troublée et sous le charme, les joues rougies. C’était peut-être une chanson grivoise, en fait. Durant ce temps, Marc, montant l’escalier derrière, regarde les deux jeunes gens d’un air de suspicion et d’interrogation, du coups il vérifie que sa barbe, attribue de la mûre virilité, est toujours là pour le conforter maintenant qu’il voit un jeune coquelet imberbe se rengorger auprès de sa poule. Ici, l’attitude des personnages peut paraître caricaturale, mais permet bien au spectateur de saisir ce qui est en train de se nouer sous ses yeux, (un combat de coq en perspective) rendant le tableau très vivant.
 
Le tableau aurait très bien pu ne représenter que Tristan et Yseult, la présence de Marc, tout à fait excentrée sur la droite, pouvant être facilement occultée. La scène aurait alors été simplement galante. Mais l’histoire de Tristan et Yseult est marquée par ce drame de l’amour impossible, Yseult étant mariée à Marc, et cela donne une nouvelle dimension au tableau. Le spectateur sait que le bonheur des deux amants est sur le point d’être brisé par le roi, qui, plongé dans l’ombre, approche sans être vu. La perspective de danger qu’il transporte est rendue plus manifeste par la couleur rouge de son vêtement, et surtout par la garde très visible de son épée, qui annonce qu’il va y avoir du vilain. Pas du vilain genre un gueux qui rapplique, enfin, vous aviez saisi. Le tableau perd alors son apparente sérénité et renforce le sentiment qu’un drame va se jouer sous peu. La sombre forêt derrière les amants prend elle aussi une autre dimension : celle où ils seront forcé de fuir devant la jalousie meurtrière de Marc. L’ange sur la broderie montre peut-être que malgré tout les deux amants sont sous protection divine. Eh oui, dans la suite Tristan et Yseult vont vivre à la sauvage dans la forêt. Après, ça dépend des versions, ils y restent jusqu’à ce que le philtre ne fasse plus effet, ce qui est plutôt triste, ou bien jusqu’à ce que le confort manque trop à Yseult. Dans tous les cas, elle revient chez Marc, et Tristan se marie avec une autre Yseult, et ils vivent chacun assez malheureux de leur côté jusqu’à ce que Tristan en clamse. Il avait fait appeler son vrai amour histoire de la revoir une dernière fois, mais à cause de sa fourbe femme, elle arrive trop tard, et je crois qu’elle aussi en meurt de dépit. Unhappy end.
 
Mais il se place plein d’autres choses dans les différentes versions, aussi je ne puis que vous recommander de lire cette belle histoire. Il existe une édition à 2 euros bien foutue et en plus avec la version vieux français, donc que demande le peuple, à part du pain, des jeux, et des livres pas cher ??
 
 
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/cc/Edmund_Blair_Leighton_-_Faded_Laurels.jpg
 
 
 
Là, j’en profite pour vous montrer Faded laurels dont j’ai parlé tantôt, et qui me rappelle furieusement une autre toile exposée présentement au Louvre, Les illusions perdues ou Le soir, de Gleyre (le nom ne fait pas envie, je vous l’accorde)
 
http://www.allartclassic.com/img/Marc_Gabriel_Charles_Gleyre_GLM005.jpg
 
 
 le thème classique du jouvenceau qui fait oublier le vieux maître… ben finalement c’est un peu ça aussi dans Tristan et Yseult. 
J’en profite tant qu’on est dans le thème : Tristan et Yseult version Dante Gabriel Rossetti, 1867 http://www.semprelibera.blogger.com.br/Tristan%20und%20Isolde%20-%20Dante%20Gabriel%20Rossetti.JPG
 
 Tristan and Isolde drinking the love potion
  
Et puis tant qu’on y est une magnifique Yseult par Dicksee. J’avais fait un commentaire d’une de ses oeuvres là 
http://www.erasofelegance.com/arts/gallery/dicksee/dicksee9.jpg
 
 
  
Autrement, j’en profite pour dire que j’ai eu un coups de cœur pour l’expo Crime et Châtiment. Pas parce que c’est un truc malsain avec une guillotine et des représentations macabres, mais surtout parce que j’y ai retrouvé un grand nombre de mes peintres fétiches : Blake, Moreau, Füssli, Von Stuck, Schwabe, Delacroix, Géricault, Goya, Rops, Levy-Dhurmer… excusez du peu !
Par contre, il manquait quelque chose d’essentiel… en effet, rien, pas la moindre petite place accordé à l’exécuteur et à sa représentation. Pourtant ils étaient là, sur l’échafaud, mais non, rien, pas un mot, malgré leur place particulière, et très malaisée, dans le système du châtiment du crime. Vraiment, cette figure controversée mérite vraiment qu’on s’y intéresse, justement parce qu’ils se trouvent au milieu, entre deux mondes, obligés de tremper leurs mains dans le sang pour punir ceux qui ont fait couler le sang.
 Qui plus est, la dynastie Sanson est bien connue et a produit des documents très intéressants, et je sais qu’il en existe toujours. Raconter un peu son histoire aurait amené une humanité et une émotion dont on prive trop souvent ces hommes.
On peut quand même voir Charles-Henri, sur une petite toile de 1793, document d’époque, témoin oculaire ! C’est, sur l’échafaud, le personnage sur l’extrême droite, en bleu. Il avait méchamment la classe, ce qui lui valut des quolibets.
http://lh5.ggpht.com/_jW9hkAzXrpo/ScPg8ArZcEI/AAAAAAAAFXs/dSCrsMs6BxQ/s800/Robespierre(blog7).jpg
 
Par Pierre Antoine Demachy
 
Bref, c’est un sujet pour lequel j’ai une affinité particulière, et d’ailleurs je l’avais déjà évoqué ici.
 
Et pour finir, en super cadeau bonus, une représentation de l’Enfer par Füssli, exposée à l’expo susmentionnée, juste parce que j’aime ( en plus de Füssli, Dante, Virgile, la Divine Comédie, l’Enfer) les supers bras musculeux de culturiste que notre artiste a prêté au frêle poète Virgile. On sent quand même hachement l'influence de Blake dans son trait, je trouve.
http://www.tate.org.uk/britain/exhibitions/gothicnightmares/images/works/thievespunishment_large.jpg

Un de ces jours il faudra quand même que je pense à faire un super article sur mes chéris, quand même. Et éventuellement sur Paolo et Francesca qui ont déchaînés avec bonheur les peintres au XIXe
.
 
 
Vale, et que vostre queste personnelle del sainct Graal vous mesne par de verdoyants sentiers serpentants dans des forests de lesgendes dans lesquelles vous entendrez de loin en loin les chants des temps anciens.
 
Et non je ne me drogue pas pour faire des épilogues aussi pourris, ce qui est pire. et maintenant, cap sur la Tamiiiise
 

Mercredi 21 avril 2010 à 0:10

Il ya quelques temps je vous parlais d’une jeune créatrice de talent, Iris, qui confectionne de très jolis sarouels, pantalons samouraïs (patron de son invention) et autre robes ou jupes d’inspiration hippie. Qu’elle présente sur son blog The Parvatishop. Elle organisait l’an dernier un concours en l’honneur de la fête indienne de Diwali.
 
 
Cette fois, c’est pour l’anniversaire du blog, et je retente ma chance ! et non, je ne lâche pas l’affaire, un jour j’aurais mon pantalon samouraï ^^
 
 
http://storage.canalblog.com/97/22/571963/52176531.jpg
 
En dehors du concours n’hésitez pas à visiter son blog plein de très jolies choses, notamment du tuto du sarouel indien qui devrait bientôt me servir…
Vous pouvez aussi visiter son blog décrivant son mode de vie écolo sous une yourte, une jolie initiative qui donne des idées ;)
 
 
Autrement j’ai d’autres articles en préparation, notamment un avec dieux des enfers et metal, que j’hésite à poster vu son haut niveau de connerie…
 
Vale, et be happy, be hippie, be rock & roll

edit: et l'impossible arriva! c'est moi l'heure élue du hasard cette fois :)
Merci infiniment à Iris d'avoir la gentillesse d'organiser de pareils concours nous permettant d'acquérir l'une de ses fabuleuses créations! je n'arrive pas à croire que je sois aussi vernie, pour une fois!  :)
comme quoi, les miracles existent :p

Dimanche 14 mars 2010 à 1:50

507 avant notre ère. Les débuts de la démocratie athénienne. Le peuple en liesse élève deux statues sur l’Agora. Les statues de deux Athéniens qui ont donné leur vie pour abattre la tyrannie. Une action héroïque qui a mené à la fondation de la démocratie. Tueurs de tyran : les tyrannoctones (musique héroïque)
 
Du moins, c’est la version officielle. Dans les faits, ce n’est pas vraiment un idéal politique qui a fait que ces hommes, Harmodios et Aristogiton, en sont venu à l’assassinat. Voyons plutôt.
514 avant notre ère, sous la langueur du chaud soleil athénien. Hipparque, frère d’Hippias le tyran -dont la famille règne de main de fer sur Athènes depuis 546 avant notre ère, s’éprend de l’éphèbe Harmodios, et lui fait des avances. Lequel Harmodios le repousse, il a déjà un amant, Aristogiton. Bien entendu, Hipparque est fort mécontent, et, interdisant la sœur d’Harmodios de participer à la procession des Panathénées, insinue sournoisement qu’elle n’est pas aussi vierge qu’elle le devrait. Rendu furieux par cette injure, Harmodios et son éraste Aristogiton décident de régler son compte à Hipparque, cachent leurs lames sous leur vêtement, et le mettent à mort. Mais on ne tue pas un descendant de Pisistrate de la sorte, et eux-même sont tués sous les coups des partisans du tyran.
 
http://dardel.info/museum/museum4/Tyrannoctones.jpg
reconstitution en plâtre de ce que devait être l’original, (en bronze) dit groupe de Strasbourg
 
Ça n’avait donc absolument rien à voir avec un idéal politique, puisque la raison de cet assassinat était basiquement… une histoire de cul. Mais l’impulsion était donnée, et Hippias fut renversé quelques années plus tard. les amants furent honorés finalement comme ceux qui avaient mis à mort la tyrannie elle-même, et célébrés en chansons. Et statufiés. Sur l’Agora. Bien sûr, l’heureuse initiative de leur mort arrangeait. On n’aurait sûrement pas fait les statues si ils étaient restés en vie, il ne faut pas abuser, un héros vivant, c’est nul. Là on put à loisir s’exalter sur leur héroïsme justement, et on commanda au sculpteur Anténor cette tâche d’immortalisation d’Harmodios et Aristogiton. En -480, les Perses débarquèrent, trouvèrent l’œuvre à leur goût (surtout Xerxès, ça évoque quelque chose à quelqu’un ?) et l’embarquèrent, après avoir mis un peu de foutoir partout, en passant. Qu’importe, les Athéniens, en vraies groupies, commandèrent d’autres statues, à Critios et Nésiotès. Et le groupe qu’on a là est une copie romaine. Oui, parce que pour trouver des originaux Grecs, il faut se lever de bonne heure.
Bon, je ne vais pas faire un cours sur la statuaire grecque, je vous laisse juste admirer. Les corps dont la beauté est exaltée par la nudité héroïque (quand on est un héros, on se fout à poil, c’est une convention) sont sculptés d’après le canon de Polyclète, qui avait calculé puis mis en pratique les proportions parfaites de l’anatomie masculine. Ce qui connu un immense succès et reproduit partout.
Harmodios est l’éphèbe au bras levé. L’éphèbe, dans la société grecque, son élite, en tout cas, est un adolescent, un jeune homme, qui n’a pas encore de pilosité et dont l’éducation est confiée à un/des hommes adultes, qui font son initiation (dans le domaine sexuel également, mais pas que). C’est ce qu’on nomme la pédérastie, qui est considérée comme une véritable institution. Là dedans, l’éphèbe est l’éromène, l’aimé, le passif. Harmodios, si il est un tout jeune homme, est représenté ici comme ayant un corps d’adulte déjà, mais sans poils.
Aristogiton est à son côté, avec le vêtement (qui est placé de façon à ce qu’il soit nu quand même) qui lui avait servi à cacher son arme, sûrement. Surtout, on voit que c’est l’éraste (l’initiateur) à sa barbe bien fournie, indiquant qu’il est un homme dans la pleine force de sa maturité. Ils sont représentés juste au moment fatidique où ils vont abattre leurs bras vengeurs sur Hipparque, dans une pose avantageuse et dynamique indiquant le mouvement ou le moment précédent le mouvement.
 
http://www.livius.org/a/1/greeks/tyrannicides.jpg
copie en marbre d’époque romaine, se trouvant au musée de Naples
 
A présent, une petite question : à votre avis, pourquoi, dans tant de civilisations et de culture, la virginité de la femme revêt-elle une telle importance, alors qu’on ne fait aucun cas de celle de l’homme ?
 
Heu, voilà, c’était juste pour transmettre ce secret de polichinelle que nous content avec beaucoup de talent mes profs d’art grec. Après, si j’ai trahi leur enseignement en racontant une quelconque connerie, vous DEVEZ me le dire pour que je me flagelle par pénitence, et que je corrige, éventuellement. Merci.
 
Tant qu’on y est, j’ai envie de faire une déclaration. Théophile Gautier est un nécrophile. Merci de votre attention.
 
Plus ! Des expos très prometteuses !
N Sexe, mort et sacrifice dans la religion Mochica. Musée du Quai Branly. Après Sex, drug and rock & roll... un titre racoleur pour une muséographie qui a tout compris à la vie, du moins à ce que le public aime voir. Les Mochicas, j’y avais fait allusion rapidement quelque part., vous savez ceux qu’on appelle les Cacahuetas, pour certains. J’aimerais bien y faire un tour. (super expo pour rancarder, je vous dit)
 
N Crime et châtiment, au musée d’Orsay. Représentations de suppliciés, de crimes, de criminels, d’engins à calmer les criminels. Du sang, du gore, de la douleur, des morts. Les musées travaillent dur pour attirer le grand public ! j’irai pour prendre des notes, pour ma part.
 
 
N et puis il y a aussi Turner, bien sûr ! William Turner, ne vous fourvoyez pas, n’était pas dans la piraterie. Pas celui là. Il a livré des peintures d’une lumière incroyable, a fait des expériences sur la couleur et les formes, qui prélude l’impressionnisme. Au Grand Palais. 
 
N ah, et pour les mélomanes, expo Chopin à la Cité de la Musique, ce qui me donne une excellente excuse pour mettre une peinture de Delacroix dont il était l’ami, et qui lui a tiré le portrait. Un type bien, donc !
 
http://www.classiquenews.com/images/articles/chopin_frederic_exposition_bicentenaire_2010_exposition-Ary-scheffer.jpg
 
 
 N Enfin, l'exposition consacrée à la civilisation de Méroé, au musée du Louvre. une culture méconnue et pourtant riche et brillante, qui, voisine de la très influente Egypte, a su se forger son propre caractère et son originalité et en imposer aux insatiables Romains qui durent renoncer à cette conquête là...
Un jour, prochainement, encore de l’art, mais dans un autre temps, et sous une autre forme.
 
Vale, et que la langueur du chaud soleil des temps jadis illumine vos rêves en des tableaux bariolés où ricanent de lubriques regards de terre cuite offrant leur doigts plein de sang pour la couleur…
 
 

Dimanche 14 février 2010 à 2:01

 
Attention, cet article est à forte teneur en momies

Comme quoi cette partie de l’histoire de l’antiquité est vraiment des plus mystérieuses, et c’est aussi pour ça qu’elle est si intéressante.
XVIIIe dynastie, toujours la même. Mais de qui diable Toutankhamon a t’il pu être le fils ? qui sont les momies qui crèchent dans le KV35 de la Vallée des Rois, juste en face de sa tombe ? qui est dans le sarcophage mutilé du KV55 ?
Ces questions ont des liens, des liens de famille en plus.
Evidemment, vous savez que si j’écris ça c’est que j’ai regardé le doc sur Nefertiti lundi soir, qui commence a daté mais que je n’avais pas encore vu, pour une raison aussi mystérieuse que le reste de l’affaire.
Zahi Hawass, qu’on ne présente plus (mais si c’est le cas, voir ici , qui en plus donne le début de l’affaire) s’est mis en tête de retrouver la momie de Nefertiti. La première chose qu’on nous apprend en archéologie, après l’importance primordiale des trous de poteaux, c’est qu’on ne fait pas de fouilles pour trouver une chose spécifique, parce que vous allez être déçus et parce que vous allez avoir la fâcheuse tendance à vouloir orienter vos découvertes de telle façon que ça corrobore ce que vous pensez. C’est mauvais et pas scientifique.
Or, là, c’est exactement ce qu’il se passe, du début à la fin.
Ils sont partis chercher Nefertiti, et ils ne l’ont pas trouvés, alors ils décident de trouver des proches.
On pourrait penser à chercher plutôt sur le site d’Amarna où était construite la nouvelle capitale, Akhetaten, et qui avait aussi sa nécropole. Mais les tombes retrouvées sont vides. Toutes n’ont pas été trouvées, alors un peu d’espoir, les jeunes. Mais bon, indubitablement, la tombe amarnienne d’Akhenaton est vide.
http://ngm.typepad.com/photos/uncategorized/2008/12/10/nefertiti.jpg
buste de Nefertiti, retrouvé dans les ruines de l’atelier du sculpteur Thoutmose, à Akhetaten
 
Or, les fameux KV35 et KV55 de la Vallée des Rois, sur l’autre rive de la très amonienne Thèbes, contenaient effectivement des artefacts reliés à ladite XVIIIe dynastie, et surtout des momies.
http://anubis4_2000.tripod.com/mummypics2/JcMummies.jpg
 
La reine Tiyi, épouse du pharaon Amenhotep III et mère d’Akhenaton, est l’une des occupantes du KV35. ca fait un moment qu’on le sait. On avait trouvé dans la tombe de Toutankhamon une boîte avec son nom et une mèche de ses cheveux. On a comparé avec les cheveux magnifiquement bien préservés de sa momie, et c’étaient les même. Qui plus est, le soin apporté à sa momie (on revient aux cheveux) et son bras replié sur la poitrine indiquent une reine.
http://mathildasanthropologyblog.files.wordpress.com/2008/07/elderlady01tomb-kv35.jpg
 
Ajoutez à cela une certaine ressemblance entre son visage et celui de ses portraits, et c’est une affaire qui roule. Du moins beaucoup l’acceptent, parce que chez les historiens et archéologues, il y a toujours des débats dès que quelqu’un ouvre la bouche, et en même temps ça vaut mieux, parfois.
http://www.gerardblanc-orthodontiste.com/Picts/ReineTiyi.gif
 
Elle n’a jamais l’air très très commode sur ses portraits. C'est le genre de mimique réjouie que je présente au monde extérieur.
Ils se sont amusés quand même à faire d’autres tests qui ont confirmés. Mince, ce n’est définitivement pas Nefertiti !
Il semblerait, au vu des artefacts à son nom dans le KV55, qu’elle y était d’abord enterrée, puis qu’elle a été déplacée là, on ne sait ni quand ni pourquoi.
 
bon alors regardons sa voisine. Sur la photo des momies, celle tout à droite. Un lien ici pour la voir de plus près. TRES près.
Une jeune dame au bras cassé, avec de la chance il y en avait un dans la tombe qui était replié avec les doigts tenant un sceptre ou dans la position pour cela. Par miracle oui. Dommage, ce bras n’a pas les même proportions que le reste du corps. Par chance, il y avait un autre avant bras qui traînait dans la tombe, et qui collait, mais qui a l’inconvénient fatal d’être le long du corps, ce qui exclu une reine. Il s’agit d’une jeune femme qui devait avoir la vingtaine, qui était de la famille de Toutankhamon. Même forme de crâne allongé typique de la dynastie, et d’autres similitudes de la face que l’on retrouve dans une même famille. Elle a la joue complètement défoncée, et c’était avant la mort, les dents enfoncés dans le crâne étant recouvertes du liquide d’embaumement. Les scientifiques qui l’ont examinés ont également remarqué que cela avait formé un ecchymose, ce qui indique que ce n’était pas fait par les embaumeurs, mais que c’est ce qui a du provoquer la mort. En plus de marques d’incisions sur l’abdomen. Un assassinat ? sur une femme pubère de la famille de Toutankhamon ? ben c’est forcément sa mère alors ! si ce n’est Nefertiti, alors c’est Kiya, la seconde épouse d’Akhenaton ! Nefertiti était jalouse alors elle lui a défoncé la face…
 
heu… c’est un peu léger, non ? il y a des vases au nom de Kiya… mais dans le KV55. mais après tout pourquoi pas, Tiyi a bien été bougée, pourquoi pas Kiya… mais… on n’a aucune preuve formelle. On ne sait même pas si Akhenaton était bien le père du jeune roi si connu. Je veux bien, hein, dans ce cas cette momie pourrait être une de ses nombreuses sœurs, mais pas sa femme (Ankhesenamon), qui aurait droit à la pose de reine. Mais ça non plus on ne sait pas. C’est quand même dingue… a quand la découverte du document qui nous révélera sans doute permis la filiation ?
http://www.arthistory.sbc.edu/imageswomen/images/ankhesenamon.jpg
voici Ankhesenamon (originellement Ankhesenpaaton)
 
il y avait donc une autre momie avec eux. Mais le bras replié en sus ne lui appartient pas. C’est un jeune homme, de la XVIIIe dynastie aussi, apparemment un prince, mais il a été éliminé d’office des recherches (de fait il n’a même pas été mentionné).
et on a un bras royal par dessus tout ça qui se promène tout seul.
 
Qu’on ait retrouvé ces trois momies là ensemble n’indique par forcément des liens familiaux très proches, vu que KV35 est le tombeau d’Amenhotep II, et qu’en plus de sa momie, on a retrouvé plein d’autres pharaons venus squatter (3 Ramses, les numéros IV, V et VI, Sethi II, Merenptah, Siptah, tous de la XIXe dynastie, dans le désordre, et de la XVIIIe, Thoutmosis IV, et possiblement Amenhotep III, époux de Tiyi et père d’Akhenaton ) mais dans une autre salle. Et oui, car avec le pillage massif de tombeaux royaux dès l’antiquité, les prêtres ont préférés planquer le plus important, les corps, et les ont rassemblés dans différentes caches. Donc, le fait qu’on retrouve là Tiyi et une autre femme de la famille n’a a mon sens pas grand chose à voir avec la proximité de la tombe de Toutankhamon., qui est juste en face.
 
 
Le KV55 maintenant : une tombe assez surprenante vu que les parois sont vierges de toute décoration ou inscription. Elle a semblé plus une cache qu’un vrai tombeau, et on a retrouvé ainsi des vases et autres artefacts au nom de Tiyi, de son époux, de leur fils, de Smenkharé, de Kiya, et de Ankh Khépérouré.
Alors là, le mystère se mystifie encore plus. Parce que cette Ankh Khépérouré, et bien il paraît que c’est la reine qui a succédé à Akhenaton, avant Toutankhamon, mais le truc c’est qu’on ne sait pas qui c’est. Peut-être Nefertiti, peut-être une de leur fille, Meritaton.
http://travel.sakionline.net/photos/42/merytaten.jpg
remarquez la finesse du trait et le raffinement de la perruque dans cette représentation supposée de Meritaton
Et elle a épousé le très mystérieux régent Smenkharé, qui aurait aussi co-régné avec Akhnaton avant, et que lui non plus on ne sait pas d’où il sort. A moins que ce ne soit pas le même. Peut-être que Toutankhamon est leur fils, parce des souverains sur lesquels on a presque aucune indication, ça me semble bien dans le ton qu’ils fassent un héritier sans que ça soit proclamé partout. Et pour rajouter au bordel, dans ses titulatures, il a les même noms que ladite reine : Ankh Kheperouré Neferneferouaton. Ouais, on va aller se prendre une aspirine, qu’est ce que vous en dites ? mais il me semble qu’il avait épousé la fameuse Meritaton, donc c’est un bon point en faveur de cette théorie, même si ça ne nous dit pas d’où il sort ce type.
http://employees.oneonta.edu/farberas/ARTH/images/109images/egyptian/smenkhare.jpg
une représentation qu’on s’accorde à peu près à attribuer à Smenkharé et à Meritaton
 
Le problème, vous aurez remarquez, c’est qu’ils n’avaient pas de twitter, pas de presse people, et surtout, comme le dit l’intro du catalogue d’exposition  Trough ancient eyes : Egyptian Portraiture, « a basic problem is that the Ancient Egyptians are very dead », donc à moins d’avoir un nécromant, c’est vrai que c’est dur de les faire parler, même si les scientifiques qui travaillent sur les ossements (genre Bones, d’ailleurs la semaine dernière il y avait un épisode très rigolo d’anhistoricité sur une momie de la XVIIIe dynastie) ont tendance à dire qu’ils peuvent être très bavards. On peut les appeler nécromants ?
Pour en revenir à nos momies, la fameuse KV55 contenait aussi un sarcophage dont la face et le cartouche ont été soigneusement mutilés. Et dans ce sarcophage, il y a un squelette. qui avait du être une momie, il paraît, mais qui s’est mal conservée.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/89/KV55_sarcophagus_%28Cairo_Museum%29.jpg
ces mutilations sont un acte extrêmement grave en Egypte ancienne, équivalant à la damnatio memoriae romaine dont j’ai parlé précédemment.
 
En m’apercevant que je n’avais pas donné la définition. Comme son nom l’indique, c’est la damnation de la mémoire, pour traduire trivialement, d’un individu, on le raye de la carte, son nom est effacé, ses images détruites (ou reconverties pour un autre) et on considère que l’individu n’a jamais existé.
Mutiler le visage du sarcophage revient à cela. On considérait en effet que les portraits étaient par essence magiques, et même sans aucune ressemblance physique, ils devenaient la personne qu’ils devaient représenter, tout en étant une entité magique propre, mais liée à lui, genre le ka ou le ba. L’image est primordiale, à partir du moment où elle existe, elle vit. Ainsi, détruire cette image, c’est détruire la personne liée à cette image, c’est la condamner à une mort perpétuelle, sans renaissance possible dans l’au-delà. Il en est de même pour le nom. Dans les croyances égyptiennes, on ne pouvait vivre dans visage et sans nom. Alors supprimer les deux… à un pharaon en plus !
http://jfbradu.free.fr/egypte/LE%20PHARAON/AKHENATON/tiyi-houya.jpg
là on voit la tête des personnages soigneusement martelée. A certains endroits, heu, peut-être à Thèbes, il est facile de voir où il avait laissé une représentation : le mur ne présente qu’une silhouette parfaitement martelée. Quand on n’a pas le temps de faire les choses aussi bien, on se contente de marteler les yeux, le nez et la bouche.
Ici, vous pourrez voir une autre représentation où la tête et les noms de nos hérétiques sont également mutilés.
 
 
Cela pourrait tendre à montrer qu’il pourrait s’agir du sarcophage d’Akhénaton, hérétique entre tous, pire, hérésiarque, celui qui avait voulu plonger le royaume dans le chaos en niant ses dieux ! même s’il semblerait bien qu’il était aussi monothéiste qu'on peut l'être, donc pas du tout. (réfléchissez-y un peu) Son nom et son image étaient martelés partout où on pouvait l’atteindre, sauf à Akhetaten qu’on a préféré vouer aux sables pour ce faire.
Mais ça pourrait tout aussi bien être à Smenkharê qui a subi le même traitement… d’après ce que j’ai compris, le sarcophage avait été fait au début du règne d’Amenhotep IV, pas encore Akhenaton, pour lui, mais il a été récupéré pour servir à Smenkharé. Après, on a un corps dedans, mais ce n’est pas forcément celui de l’un des deux ! les autopsies avaient jusque là affirmé que le squelette appartient à un homme mort dans sa vingtaine, et il paraît que des éléments tendaient à confirmer que c’était bien Smenkharé, à part l’âge.
Là dessus, Zahi Hawass débarque avec son scanner et ses scientifiques, et le squelette a pris un coups de vieux et aurait servi 60 ans maximum, mais plus que 20 en tout cas. Et le cartouche illisible parce que complètement détruit est devenu lisible pour le plus grand spécialiste des hiéroglyphes (qui n’a pas été nommé), qui pour le coups a fait de la divination, en tout cas il a dit que c’était le cartouche d’Akhenaton. Mirez, et constatez comment il est trop fort vu qu’il l’a lu là dessus, là où il n’y a rien à lire :
http://www.touregypt.net/featurestories/symbol2-32.jpg
 
Plus sérieusement, des types dont c’est le boulot ont examinés le squelette tout partout (ça me rappelle le prof d’archéo funéraire grecque qui nous avait sorti « imaginez que nous soyons un ensemble funéraire collectif et que des archéologues viennent nous fouiller » quelques séances seulement après avoir fait un coming out retentissant consistant en un « moi, je serais plutôt nécrophile », ce qui lui avait valu l’amitié immédiate de… heu, reprenons) et ils se sont rendus compte qu’il avait le palais légèrement fendu, ce qui est assez rare, et que cela se retrouve précisément chez Toutankhamon, ce qui tend à montrer qu’ils sont de la même famille, d’autant plus qu’ils ont un crâne présentant des similitudes, genre l’hydrocéphalie. Et ils ont le même groupe sanguin avec ça (A2 MN, ce que j’ai compris là dedans c’est que c’était du groupe A, le reste est trop subtil pour moi, vu que ça parle d’allèles et d’antigènes et que mes cours de sciences sont loin derrière moi.)
http://www.egyptologyblog.co.uk/images/mailEdit/2007/07/11/tut_dad.jpg
on voit bien l’élongation particulière du crâne commune à l’individu du KV55 (en haut) et à Toutankhamon
alors là, c’est bon, pas moyen, Zahi Hawass a décidé que c’était Akhenaton.
 
Pour résumer, concrètement, on a :
-         une jeune femme présentant des similitudes physiques avec Toutankhamon, visiblement assassinée ou alors qui a eu un accident… heu… sévère, et qui est sans doute de sang royal, bien que la pose du bras ne semble pas suggérer une reine.
-         un homme qui est passé de 20 à 60 ans dans un sarcophage mutilé à des endroits stratégiques présentant le même groupe sanguin et quelques particularités physiques avec Toutankhamon. Indubitablement de sa proche famille, père ou frère.
-         Un bras de souverain/e qui se balade tout seul
 
Mon humble pensée pour le moment est que effectivement notre jeune roi a du être le fils de l’hérésiarque, et que possiblement ce puisse être le squelette dans le sarcophage mutilé. Ce qui est très décevant car j’avais rêvé d’une magnifique momie à la Séthi Ier
http://anubis4_2000.tripod.com/mummypics2/Seti_I.jpg
non mais admirez moi pieusement cette majesté…
 
(là ça vous rappelle peut-être le film La Momie, culte de ma jeunesse, où Evelyn en découvrant la momie s’exclame quelle en rêve depuis qu’elle est toute petite, ce à quoi O’Connell répond avec un soupçon d’horreur : « vous rêviez de cadavres quand vous étiez petite ? .» Et il me semble que la momie de Sethi a inspiré le design de la momie dans le premier film de ce nom)
Momie qui aurait conservé la forme particulière de son visage, et qu’on aurait pu soupirer d’extase en disant : « voilà le visage de l’hérétique ! ». bon on peut soupirer d’extase sur ses os tout pareil, cela dit, mais ça ne fait pas tout à fait la même chose. mais quand même, se dire qu’on a les reliques de ce dément, ça remue. et puis je retirerais un plaisir sot et vain si j’avait le même groupe sanguin que l’hérésiarque. Ouais, comme des millions de personnes, je sais. Mais si ça pouvait être vraiment prouvé ça serait bien. Parce qu’en fait ça pourrait être Smenkharé aussi, même si il ne devait pas être si vieux. Ce qui semble le confirme, c’est la mèche de cheveux de Tiyi dans la tombe de Toutankhamon, ça prend plus de sens si c’est sa grand-mère. Cela dit, si sa mère est la fameuse Ankh Khépérouré et que c’était une fille d’Akhénaton, elle reste une ancêtre, et Akhénaton reste aussi de la famille vu que ce serait le grand-père. Heu, vous suivez ?
Le problème avec ça, c’est pourquoi des types qui en voulaient à ce point au mec dans le sarcophage pour lui interdire la vie éternelle en mutilant son nom et son masque funéraire auraient laissé le corps dedans ?? moi, ça me paraît quand même hachement louche.
http://timesonline.typepad.com/dons_life/images/2007/11/13/akhenaten1.jpg
 
Mais du coups pour la femme, je pense tout de même que ça pourrait être l’une des filles d’Akhenaton, parce que, quand même, elles ont existées, personne ne semble vraiment se soucier de savoir où elles sont. Et bien sachez qu’elles s’appelaient Meritaton, Maketaton, Ankhesenpaaton, Neferneferouaton Tashéryt, Neferneferouré et Setepenré.
Parce que si cette momie est identifiée comme fille d’Akhénaton et Nefertiti, on pourra comparer avec le squelette, et avec d’autres momies, et ça pourrait être très utile, voyez.
http://faculty.evansville.edu/rl29/art105/img/egypt_akhenaten.jpg
 
 une des particularités de l'art amarnien, les scènes d'intimité familiale, pleines de tendresses, des souverains et de leurs enfants

Tout ça pour dire que tout cet ensemble n’est que théories, que Nefertiti est perdue on ne sait où, et que ça m’a choqué qu’un archéologue affirme avec la plus grande solennité et officialité avoir identifié formellement ces deux momies, seulement à partir de spéculations ! ce que les preuves matérielles et les études scientifiques des corps indiquent est seulement une parenté, et c’est déjà beaucoup ! et il faudrait s’en tenir là tant qu’on a pas d’autres éléments. On peut élucubrer ce qu’on veut tant qu’on admet que ce n’est que de la théorie, mais on ne peut affirmer des choses aussi grave par caprice et sans preuves. Voilà comment ça marche dans le monde des historiens/archéologues.
Maintenant je retourne fantasmer dans mon coin mes théories sur ce qui a pu se passer en ce temps là et à ce qui a pu se passer à Akhetaton, et au sort des corps royaux.
 
Ah oui, une dernière chose : pourquoi tout le gratin d’Akhetaton/Amarna, même le plus hérétique, se serait retrouvé à Thèbes ? la théorie est que Toutankhamon voulait rapatrier sa famille auprès de lui.
http://images.artnet.com/images_US/magazine/features/hoving/hoving10-29-08-15.jpg
une très jolie représentation de deux sœurs amarniennes
 
Si quelqu’un a réussi à lire tout ça jusque là et a toujours avoir la tête sur les épaules, félicitations, tu as le droit de laisser un commentaire en donnain ton avis. Qui est qui, qui a fait quoi et où et comment et pourquoi ? et quel est le rhésus de Toutankhamon ? à qui appartient ce bras vadrouilleur ? (oui, ça me travaille beaucoup ce bras, enfin, avant-bras, plutôt)
 
Bon, on va s’arrêter là, pour le moment, car le chapitre est loin d’être clôt !
Au niveau de ma no-life, ça y est, j’ouvre mes chakras à la plénitude ultime, j’ai des cours d’égyptologie, j’étudie égyptologie (tardive), je vais dans des bibliothèques d’égyptologie, et vous avez pu constater que je pense beaucoup égyptologie… (si pour toi l’emballage des pères Noël en chocolat sur lequel ils sont représentés est en fait des linceul funéraire et que Abba a chanté un tube intitulé « mummy, mummy, mummy », que Virgile est un pilier djed et que tu penses avoir déjà vu la tête du voisin dans le rer dans une vitrine de musée, on se comprend.
 
Vale, et qu’Oupouaout ouvre le chemin de la montagne d’occident où reposent les mystères éternels, au moins en rêve.
 
http://wysinger.homestead.com/akhen8.jpg

Un jour, on apprendra que dans les périodes troublées et mal connues de l’histoire égyptienne il y avait un pharaon dont le nom se rapproche de Nyarlathotep, et il sera trop tard.
 
Ah et… More to come ! Be ready! (si tu sais d’où vient cette phrase, tu es geek)
 
Tant que j’y pense, je n’ai pas donné la réponse à l’énigme de l’article avec Tantale dans le titre, même si tout le monde s’en fouette le tympanon.
Rappel de la question : qu’attendait-on de l’invocation à Tantale quand on lui demandait de boire du sang s’il avait soif ?
http://www.cours.fse.ulaval.ca/ten-20727/sitesdescours/000_16hiver2005/22149/TEN-22149-A/TEN-22149-A-18/images/tantale.jpg
il paraît que c’est Tantale sur le vase du même nom
C’était sensé arrêter les ménorragies. Et cette bête, c’est quand les menstrues sont trop abondantes…
Maintenant vous visualisez le truc. Bon appétit.
Ah, c’est crade, c’est gore, c’est magnifique, j’aime l’Antiquité ! de quoi écrire de savoureux (ou pas) passages de vampirisme

 
Edit : d’après les récentes analyses scientifiques opérées, et présentées en grande pompe par Zahy Hawass il y a quelques temps maintenant, Toutankhamon serait bien le fils d’Akhenaton (en tout cas de l’individu dans le sarcophage mutilé, parce que je ne sais pas si il a été prouvé qu’il est le fils de Tiyi ou non) et de la propre sœur d’icelui. J’espère qu’il ne reste personne que ce genre de choses choque, c’était une pratique très courante dans la famille royale égyptienne. D’ailleurs si Toutankhamon est bien le fils d’Akhenaton, alors il a lui-même épousé sa demi sœur (Ankhesenamon). Tenez, Akhenaton a même épousé une de ses filles, qui lui en a donné une autre. Ramses II a fait tout pareil. Les Lagides bien plus tard ont poursuivis la tradition, et à l’époque romaine, la pratique semble s’être démocratisée puisque des documents d’époque (abondants) parlent souvent de mariages entre frère et sœur, qui concernaient surtout les paysans indigènes. Ce qui a été interprété comme la façon la plus commode de conserver les terres de l’héritage intactes.
Il me semble que l’une des seules sœurs d’Akhenaton qui nous soit connu se nommait Satamon, mais il ne doit pas s’agir d’elle, autrement Zahy Hawass se serait empressé de le dire. J’attend d’en savoir plus avant de récidiver ici…

 

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