Lundi 19 novembre 2007 à 11:08

 

LUCY DEAD

 

She dwelt among the untrodden ways

Beside the springs of Dove,

A maid whom there where none to praise,

And very few to love:

 

A violet by a mossy stone

Half hidden from the eye!

Fair as a star, when only one

Is shining in the sky.

 

She lived unknown, and few could know

When Lucy ceased to be;

But she is in her grave, and, oh,

The difference to me!

 

William Wordsworth, 1790

 

Gustave Moreau

Orphée pleurant sur la tombe d'Eurydice

Mercredi 31 octobre 2007 à 0:20

Combien je regrette le temps où j'en disposais. Où je pouvais faire tout ce que bon me semblait de mes journées. Ces temps reviendrons mais en attendant je dois tout faire pour ne pas me noyer. Ce qui ne me laisse plus guère l'occasion de venir m'épancher inutilement ici. Inutilement mais bénéfiquement. La liste des projets d'articles s'allonge.

Je vais donc faire vite.

Je voudrais déjà souhaiter la bienvenue en ce monde à mon neveu, enfin, il me semble cruel de souhaiter la bienvenue à quelqu'un ici bas, mais malgré tout ce qui l'attend, j'espère qu'il vivra le plus heureusement que cette terre le permet. Sa tatie lui contera de belles histoires. Les moins belles, elle les gardera pour elle.

 

Bien, je vais cesser de raconter ma vie pour faire la réclame d'un très bon film qui vient de sortir au cinéma, j'ai nommé « Stardust, le mystère de l'étoile » le titre sonne très mal, et le synopsis n'est pas particulièrement engageant. De plus, il s'agit d'un film de fantasy, et Dieu sait si depuis le Seigneur des Anneaux nous ne sommes pas submergés d'adaptations de romans fantasy, avec plus ou moins de bonheur. De prime abord, ce n'est certes pas très tentant.

Pourtant, il a pour contrebalancer des arguments de chocs : et le moindre n'est pas qu'il s'agit d'un roman de Neil Gaiman ! rappelez vous, je vous en avait parlé ici. (mais c'ets vrai que personne ne peut s'en souvenir, personne ne l'ayant lu) En visionnant la bande annonce, j'ai également été très tentée… car pour ne rien gâcher les décors et costumes sont magnifiques. (oui je suis capable d'aller voir un film juste parce que les costumes sont beaux)

 

Je m'y suis donc rendue (avec quelqu'un qui m'avait manqué) et force est de constater que je n'ai pas été déçue. C'était au contraire un véritable enchantement. Si le scénario est un peu trop fleur bleue par moment, ce détail se fait vite oublier dans la poésie légère du film. Nous avons passé les deux heures sans nous en rendre compte, (pour certains films du même genre on attend patiemment la fin) pliés sur nos sièges. Car ce film est avant tout une très agréable comédie. Difficile en fait de lui coller un genre, et c'est ce qui est plaisant également. Il n'y a pas non plus vraiment de ce manichéisme lourd qui devient lassant à force. Chacun a sa part d'ombre. L'univers de Neil Gaiman est vraiment merveilleux dans tous les sens du terme, enchanteur, et surtout, sans se prendre au sérieux. Ce qui manque parfois à des films fantasy qui sont involontairement risibles, à force de trop se prendre au sérieux. Là, certaines scènes sont vraiment irrésistibles. Et il faut bien avouer que par ses temps sombres, il est salvateur de se laisser aller à rêvasser un peu sur ces histoires improbables, que l'on aimerait tant vivre. Là, je parle en mon nom, bien sûr. Une bien jolie catharsis qui réchauffe le cœur.

 

Je vous laisse donc la bande-annonce : enjoy !

 

A présent, j'aimerais m'adresser à mes amis metalleux : est ce qu'une des musiques présentes sur la bande annonce ne vous a pas sauté à l'oreille en vous remettant furieusement quelque chose ? je sais que tout le monde s'en contrefiche mais j'aimerais bien que quelqu'un trouve quand même. Je dois admettre que cela n'a pas été anodin dans mon choix d'aller voir le film, histoire de constater s'il y avait ou non d'autres emprunts du même genre.

Oui, je suis très futile. D'ailleurs je vais aller voir A la croisée des mondes, que je m'étais refusée d'abord à aller voir (je reste persuadée qu'il sera bien moins intéressant que celui là) mais on ne se refait pas… Christopher Lee est dans le film, alors ce serait un crime de ne pas y aller…

 

S'il est des personnes qui aiment discuter des symboles dans les films, je serais ravie d'ouvrir le débat. J'aimerais beaucoup divaguer là dessus, notamment les films science fiction et fantastique, n'est ce pas. J'ai vu des choses très intéressantes à analyser dans Pirates des Caraïbes. Si si.

Bon très bien, j'ai compris, je vais retrouver la corde là bas. Ou le triple pal.

Pour ceux que ça intéresse… le mot travail provient du latin tripalium, le triple pal, donc. Torture, quand tu nous tiens…

 

All hail to Neil Gaiman

à quand Good Omens?

Dimanche 7 octobre 2007 à 2:20

Una salus victis nullam sperare salutem

Virgile

 

 

L'unique salut des vaincus est de n'espérer aucun salut

 

Eugène  Delacroix (pour changer) : Christ à la colonne

Jeudi 13 septembre 2007 à 2:20

Toutes les bonnes choses ayant une fin, la saison médiévale est terminée pour moi. J'aimerais faire un florilège du meilleur du pire entendu sur le campement, mais il me faudrait alors tout relater. néanmoins je garde ce projet sous le coude, histoire que nous n'oublions pas dans quels abysses peuvent sombrer les meilleurs d'entre nous. Il est néanmoins bon de s'y plonger parfois!

et voilà qu'à l'horizon se profilent des angoisses et des soucis, et des interrogations, auxquelles il me faudra impérativement répondre. Il ne me faudra pas garder le silence tel Perceval devant le cortège du Graal.

en invoquant un être aimé, le but de cet article était de faire partager une exaltation du moment. me voici plongée avec délice dans l'oeuvre d'un de mes maîtres, dont j'ai déjà souvent invoqué amoureusement le nom (ça me rappelle un dialogue dans le Nom de la Rose: "Avez vous déjà été amoureux, Maître?" "oh oui, très souvent! Aristote, Ovide, Virgile...") oui, car je parle du très aimé Virgile. Son Enéide, quoi que l'on puisse en dire qu'elle est une oeuvre de propagande, ne recèle pas moins des trésors sans fin du talent innefable du poète. Mon âme vibre en ne lisant rien que la traduction. Pour avoir étudié l'oeuvre en latin (et avoir eu une excellente note en tombant sur un de ses textes au bac) je sais comme l'original est ô combien plus beau et émouvant. C'est pourquoi je tenais (il en aura fallu du temps pour arriver au sujet de l'article) à mettre ici un passage qui m'a particulièrement bouleversée, la fin du chant IV, la mort de Didon, vers 682 à 705

petit résumé pour ceux qui ignorent toute l'histoire, et pour situer le passage lui même: Enée a fui Troie envahie par ruse par les grecs sur ordre des dieux, afin de refonder sa ville en Italie. après diverses pérégrinations et tempète, il arrive à Carthage où la reine Didon s'amourache de lui. Quoique attaché à son amante, Enée est rappelé à l'ordre par les dieux et doit partir sans tarder. Le désespoir et le courroux de Didon sont immenses. Après avoir maudit les Troyens (malédiction qui s'accomplira avec les guerres Puniques bien plus tard) elle se suicide sur le bûcher qu'elle avait demandé à sa soeur Anna de dresser, prétextant y faire brûler tous les souvenirs liés à Enée. Elle  s'enfonce dans le coeur une arme laissée par Enée, s'effondrant dans le lit "où elle s'est perdue". Sa soeur arrive à ce moment et maudit son manque de discernement.

‘exstinxti te meque, soror, populumque patresque
Sidonios urbemque tuam. date, uulnera lymphis
abluam et, extremus si quis super halitus errat,
ore legam.' sic fata gradus euaserat altos,               
semianimemque sinu germanam amplexa fouebat
cum gemitu atque atros siccabat ueste cruores.
illa grauis oculos conata attollere rursus
deficit; infixum stridit sub pectore uulnus.
ter sese attollens cubitoque adnixa leuauit,               
ter reuoluta toro est oculisque errantibus alto
quaesiuit caelo lucem ingemuitque reperta.

 

Tum Iuno omnipotens longum miserata dolorem
difficilisque obitus Irim demisit Olympo
quae luctantem animam nexosque resolueret artus.    
nam quia nec fato merita nec morte peribat,
sed misera ante diem subitoque accensa furore,
nondum illi flauum Proserpina uertice crinem
abstulerat Stygioque caput damnauerat Orco.
ergo Iris croceis per caelum roscida pennis              
mille trahens uarios aduerso sole colores
deuolat et supra caput astitit. 'hunc ego Diti
sacrum iussa fero teque isto corpore soluo':
sic ait et dextra crinem secat, omnis et una

dilapsus calor atque in uentos uita    recessit.    

 


 ‘O ma sœur, tu nous as anéanti, toi, moi, ton peuple, ton sénat

 

 

 

Et ta ville de Sidon. Donnez, que sa blessure, d'une onde pure,

 

Je lave, et, si un dernier souffle erre encore sur ses lèvres,

 

Que je le recueille d'un baiser.' En disant ces mots, elle est arrivée en haut des marches

Elle serrait dans ses bras sa sœur à demi-morte, la réchauffait contre elle,

 

En gémissant, avec sa robe, elle épanchait les sombres flots de sang.

 

Didon essaie de lever ses paupières alourdies et de nouveau

S'évanouit ; le sang s'échappe avec un sifflement du fond de sa poitrine.

 

Trois fois elle s'est redressée en s'appuyant sur le coude ;

 

Trois fois elle est retombée et ses yeux égarés, levés là-haut

 

Ont cherchés la lumière du ciel, et elle a gémi de l'avoir trouvé.

 

Alors la toute puissante Junon, ayant pitié de sa longue souffrance et de sa fin pénible

A dépêché Iris du haut de l'Olympe

 

Pour qu'elle déliât cette âme qui se débattait dans les liens de ses membres

 

Car comme sa mort n'était l'effet ni de la nécessité, ni d'un châtiment mérité,

 

Mais que l'infortunée succombait avant le temps,

 

Proserpine n'avait ni enlevé de son front le cheveu doré

 

Ni dévoué sa tête au dieu des Enfers.

 

Ainsi donc iris déployant par le ciel ses ailes de safran humides de rosée

 

Prenant face au soleil mille couleurs variées,

 

Descend et s'arrête au chevet de Didon : « j'emporte, moi,

 

Ce cheveu qui appartient à Pluton et te délie de ton corps »

 

Elle dit et  de sa main coupe le cheveu.

 

 Aussitôt toute la chaleur s'est dissipée,  et le souffle de vie s'en est allé dans les airs

 

 

 

Pour illustrer la mort de Didon, une toile homonyme de Rubens, datant de 1577.

comme quoi au XVIeme j'aurais été un canon de beauté...

 

 Voilà, je suis restée pantoise de longs instants après avoir lu cela...

Je vais en profiter pour éclaircir un peu certains passages un peu obscurs concernant les rituels funéraires romains.

Il était de coutume de receuillir le dernier souffle des mourants par un baiser. ce rituel, que je trouve très beau, je l'interprète comme une volonté de conserver en soi une part du defunt...

Est également mentionné ici la consécration d'une mèche de cheveux du défunt à Pluton, ici nommé Orcus, comme offrande. C'est normalement Proserpine elle même qui se charge de ce rituel, mais seulement lorsque l'heure à laquelle l'on trépasse était celle impartie. Si une personne meurt avant terme, Proserpine ne peut s'en charger. le suicide de Didon fait partie de ces morts prématurée, et l'absence de la déesse explique que la reine peine à mourir, d'où l'intervention de la messagère des dieux, Iris, envoyée par Junon, responsable de l'amour de Didon pour Enée.

Voilà en quoi j'admire aussi la mort de Didon: son suicide n'avait pas été prévu par les dieux, qui manigance tout et manipulent les hommes suivant leur bon plaisir. Elle affirme, quelque part, sa liberté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mardi 26 juin 2007 à 3:25

Est-il possible d'aimer autant deux poètes morts? o_0

pas tout à fait (morts, s'entend)

Quant au titre... j'aime ce terme. le dédoublement du héros reflétant deux aspects de lui même. On a vu que Dante et Virgile en faisaient partie. Serais-je obsédée? 

Mais il y a aussi Faust et Méphistophélès! J'aimerais avoir l'oeuvre en bilingue... pour pouvoir accéder au plus près à l'univers de Goethe, à son esprit.

ça y est, c'est reparti dans mes fanstasmes de nécrophilie spirituelle sur des poètes décédés   >_<

Et c'est une véritable honte je ne connaissais pas le Second Faust! Il me le faut!

comme ça en plus je comprendrais sans doute mieux ce que chante notre camelot.

On ne peut aborder un thème romantique sans croiser Maître Delacroix, que j'aime aussi avec fougue (décidément est ce qu'il faut être mort pour me plaire?? T_T) Voici donc sa vision de Faust et de Méphistophélès.

Il faudrait que je réfrène mon exaltation. Parce que Delacroix + Faust = quasi arrêt cardiaque de bonheur.

 

Aller on achève! comment occuper/ perdre son temps en vacances

ici (beware of Inquisitive content)

(beware of zoophilia content: dédicacé à mon travlo préféré)

merci à messire de Vildieu pour m'avoir fait découvrir une nouvelle façon de me rendre inutile ^^

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