Vendredi 31 octobre 2008 à 21:03

 
 
 

TGIF. Thanks God it’s Friday. Voici ce qu’on dit chez moi à l’arrivée de ce jour béni annonçant le début du week end. Et pour moi, vendredi rime désormais avec Louvre. Voilà tout le bonheur d’être étudiante en histoire de l’art à Paris : avoir un emploi du temps d’une incroyable violence (tellement que je pense même à prendre des cours en plus me remettre aux hiéroglyphes en autodidacte, pour changer), et pouvoir bénéficier d’un laisser-passer gratis devant lequel les portes du Louvre s’ouvrent toute grande. Bien sûr je ne suis pas assez chic pour qu’ils me prennent dans leur école mais ça viendra. *evil grin*
DONC si vous me cherchez le vendredi, et bien, bon courage.
Quel bonheur de pouvoir déambuler dans ces vastes salles emplies de trésors, le cœur léger, l’esprit en ébullition. Je m’y sens chez moi, sereine et exaltée.
Ah, et la démence me guette. Ce n’est guère nouveau, depuis le temps que je le dis, mais je ne désespère pas qu’elle gagne du terrain. Ce cher Blake, qui est devenu mon prophète très aimé, m’aide à déchaîner petit à petit mon imagination.
Ainsi, il m’a semblé voir l’autre jour dans le rer un homme qui avait ces traits :
http://www.artcult.fr/Data/site4/oeuvres/audela.jpg
 
Vous n’êtes pas sans ignorer qu’il s’agit de maître Delacroix (peint par lui même). Et bien j’ai vu son portrait vivant. J’ai fixé le pauvre homme tout le temps que j’ai pu pour être sûre que je ne rêvais pas. Bon il n’était pas tout près (heureusement pour lui), et je suis légèrement astigmate, donc ça vaut ce que ça vaut. Mais quand même. Exactement dans la même pose en plus.
 
Et ce matin, un autre homme dans le rer intrigue mon regard car son visage était le même que celui d’une statue égyptienne vue la semaine dernière et que j’ai revu quelques heures plus tard. Diantre.

http://www.zeblog.com/blog/uploads/c/champollion/Tete_Salt._Louvre._RMN._Chuzeville.jpg
 
Bientôt je verrai défiler Lovecraft, Dante et Virgile. Ah ! si seulement !
 
Tout ça pour dire que le département des antiquités orientales est une vraie merveille et que je regrette fort de ne pas m’y connaître plus dans ces civilisations qui savaient y faire. Ah, et c’est une bonne excuse pour mettre la fameuse chanson en akkadien, puisqu’il y avait des inscriptions dans cette langue. Si ça intéresse quelqu’un je pourrais parler de la légende relative à cette chanson. Ca parle d’un souverain des Enfers, prometteur, non ? Bon, je sais bien que ça n’intéressera personne, mais je pense que j’en parlerais quand même.
 
 
 Le fût de colonne de la salle d’audience de Darius Ier m’a scotché. Oui, parce que le fût fait au moins 5m de haut, avec des taureaux sculptés colossaux supportant des troncs. Donc on imagine la taille d’une colonne entière, et on multiplie par… hmm… 20, pour faire modeste et on a une idée des dimensions la salle d’audience.

http://www.3dsrc.com/antiquiteslouvre/normal/pee229.jpg
 Ca avec les décors muraux représentants des lions et des archers… ach, magnifique ! *ah oui, et il faut que j’apprenne l’Allemand si je veux me spécialiser en antiquité grecque ou égyptienne (enfin égyptienne c’est mal barré malheureusement)*
http://www.encyclopedie-universelle.com/images/lion-aile-suse-palais-dariusI-louvre.jpg
Petit détour pour soupirer sur les splendeurs d’Egypte, et passer voir le pharaon hérétique. Akhenaton était vraiment un dément. Je crois que c’est pour ça qu’il me fascine. Et la statue de type typiquement amarnien du musée lui fait dégager une aura mystique, avec ce léger sourire de celui qui erre sur des voies inconnues du commun des mortels.
http://www.reynier.com/Art/Egypte/XVIII24.jpg
Ce qu’il y a de bien, c’est que j’arrive à me perdre même avec un plan. Mais ce n’est pas grave de se perdre dans le Louvre, bien au contraire. Bon, cette fois je m’y suis retrouvé, mais c’est arrivé plusieurs fois qu’on fasse une partie du Louvre avant de trouver celle qu’on voulait voir à l’origine…
 
Ah, et on en arrive au coups de cœur de la semaine pour les tableaux :
http://www.reproarte.com/files/images/M/martin_john/0182-0071_pandemonium.jpg
John Martin, Pandemonium, 1841
(cliquez sur l'image pour la voir en plus grand)

John Martin était anglais, et contemporain de Blake. En plus d’être considéré lui aussi comme romantique (quoique Blake ne se considérait pas du tout de la sorte)et d’avoir aussi fait de la gravure, et bien il a également été inspiré par John Milton, et par son Paradise Lost. (qu’il faut vraiment que je lise du coups)
Pandemonium en est tiré. Pandemonium (qui veut dire en grec « tous les démons ») est la capitale des Enfers, tout du moins le nom du palais de Satan (ah bah oui, ça faisait longtemps que je n’en avais pas parlé, ça ne pouvait plus durer) que l’on voit au premier plan exciter l’ardeur de ses mignons pour aller régler de vieux compte avec les voisins du dessus.
 
J’avais entr’aperçu cette toile la semaine dernière, attirée par les couleurs qui flamboient véritablement, donnant vraiment dès le premier coups d’œil une vision apocalyptique ou infernale. Là j’ai pu me régaler un peu plus longtemps les yeux aujourd’hui, du moins, jusqu’à ce qu’une troupe bruyante me fasse fuir. Le cadre lui même est un vrai chef-d’œuvre, et il a été fait par le peintre lui même.
Ah, on voit pas le cadre ici. Cliquez si ça vous intéresse.

 
Ah, voilà encore une œuvre à inscrire dans mes favorites, et devant laquelle je m’arrêterai en allant rendre visite à Dante et Virgile (ce que je fais à chaque passage par le musée)
 
Hmm, épuisant tout ce blabla. Désolée.
Tellement désolée que j’en rajoute une couche ! Quelqu’un saurait-il comment je peux faire pour que mes habillages reviennent ? Très existentiel, j’en conviens. D’ailleurs vous aurez remarqué que je ne suis pas du tout une fille superficielle, et que je ne me suis pas amusé à écrire n’importe quoi dans les menus. Hum. A ce propos, si vous faites une recherche dans ce blog, c’est à « Inquisition » puisque Inquisition veut dire enquête, donc recherche…
Bon, très bien, j’arrête là.
 
Une dernière chose : bonne fête de Shamhain à tous ! On dit que ce soir, les frontières entre les mondes sont abolies…
 
Vale !

note: il m'aura fallut un loooong moment et une maîtrise plus ou moins bien gérée de mes nerfs pour parvenir à poster cet article. La nouvelle version est très sympa, mais pour l'instant ça bug un peu

Mardi 21 octobre 2008 à 22:58

 

Une des nombreuses qualités de William Blake est son éclectisme. Il a pris des symboles et des images dans de nombreuses cultures afin de traduire son symbolisme personnel, qui lui permet d'accéder à la vision divine, et qui peut peut-être nous aider nous même à y parvenir. Certains symboles sont universels, mais je pense quand même qu'ils varient suivant la sensibilité, l'expérience, le parcours de vie de chacun.

Le fait est que j'aime beaucoup le symbolisme de Blake et qu'il me permet à moi aussi d'élargir mes horizons. Ainsi je suis plongée, quoique superficiellement, dans l'iconographie des divinités hindoues, dont il s'est parfois inspiré (en écoutant toute la discographie de Ravi Shankar... ça met dans l'ambiance). La civilisation indienne m'intéresse beaucoup, et je souhaiterais énormément en apprendre davantage sur elle, sur son histoire, sa culture. Je veux trop en savoir, et du coups je ne sais rien…

Toujours est-il que je bénis Blake de m'avoir permis de découvrir le livre d'Edward Moore, The Hindu Pantheon, qui regroupe en fait ses illustrations sur l'iconographie indienne, venant des bas reliefs, de statues, etc… Et je bénis Gallica qui permet de consulter cet ouvrage en ligne. Juste ici pour ceux que ça intéresse.

 

Et maintenant… un petit point sur Shiva !

 

Shiva (ou Civa ou Siva)(prononcé Chiou Dji en Inde apparemment), le bienfaisant, est le plus vénéré des dieux. Il est le dieu de la fin des temps et l'autre facette de Rudra (destructeur). Il organise le monde et représente les ténèbres. Son troisième œil foudroie tout ce qu'il regarde c'est pourquoi il le garde fermé.

Shiva est également le roi de la danse dont chaque pas a une signification bien particulière.

Il est armé d'un trident
Il est patron des ascètes. Il a plusieurs maîtresses.
C'est le dieu de la destruction. Il est représenté avec un troisième œil, symbole de sagesse, au milieu du front et avec un cobra autour du cou. Il porte un trident (trishula) et tient un petit instrument de percussion (damaru). Il est assis sur une peau de tigre, symbole de l'énergie potentielle. Shiva représente en effet la source créatrice en sommeil.

De sa chevelure, dans laquelle se trouve un croissant de lune, symbole du cycle du temps, s'écoule le Gange, fleuve sacré de l'hindouisme. Sa monture est le taureau Nandi qui fait lui-même l'objet d'un culte. Shiva est un personnage complexe et contradictoire. Il représente la destruction mais celle-ci à pour but la création d'un monde nouveau.

L'emblème de Shiva est d'ailleurs le lingam, symbole de la création. Il a les yeux mi-clos car il les ouvre lors de la création du monde et les ferme pour mettre fin à l'univers et amorcer un nouveau cycle.

 

Source

 

je sais que ce n'est pas la meilleure référence en la matière, mais j'avais la flemme de recopier mon Larousse des mythologies.

 

Shiva Natâraja (sanskrit :le roi de la danse) est le dieu Shiva en tant que Danseur cosmique. Sa danse de tandava représente ses cinq puissances en action : création, préservation, dissolution, grâce obscuratrice, grâce révélatrice.

Chaque geste du dieu a une signification :
- la main postérieure gauche montre la fin du monde par les flammes,
- la main postérieure droite tient le tambour qui émet le son "primordial" qui préfigure le monde purifié,
- la main antérieure droite invite à la non-crainte en tournant sa paume vers les fidèles,
- le pied droit : Shiva foule l'ignorance représentée par le démon Muyalaka et l'empêche ainsi de progresser,
- la jambe gauche qui se lève suggère la libération de l'âme une fois l'ignorance vaincue.

Les mèches de la chevelure, qui se dénouent sous la vigueur du mouvement de la danse, symbolisent le grand fleuve Gange.

Source

 

 

 

Mis à part cela… mon grec est plus rouillé qu'un clou dans le cercueil d'un vampire transylvanien du XVIe siècle. Mon objectif est de le rendre plus affûté qu'il n'a jamais été, plus brillant (ce qui ne sera pas très dur) même si je ne suis pas vraiment sûre que cela me serve en fait… mais après tout, avoir un prof qui déclare « je serais plutôt nécrophile » et qui ajoute plus tard « si dans une tombe on voit qu'on n'a pas fait joujou avec les nonos… » il y a de quoi avoir envie de s'y remettre avec ardeur. Vive l'archéologie grecque. Et non, je ne suis même pas possédée par Stan, mais il apprécie.

Prochain défi donc : réussir à bosser mon grec sérieusement. Et apprendre une chanson en akkadien.

 

ah, est-ce que cette musique ne vous transporte pas dans un monde mythique et intemporel? Elle invoque les esprits de bien des merveilles...

« Je ne suis pas comme le roi Shiva… »

 


Découvrez Ravi Shankar!

 

Mardi 14 octobre 2008 à 1:08

 

 

OhoOoh une mise à jour ! Oui, ça faisait un moment… j'aurais pu raconter beaucoup de choses, mais je suis toujours réluctante à raconter ma vie. Comme maintenant.

 

Pour commencer, allez donc soutenir ce jeune homme qui m'a promis un chèque si je lui faisais de la pub. Non, il n'a pas dit ça ? bref, passez toujours voir par ici, ce prétendant au titre de maître du monde saura vous faire passer un agréable moment en vous narrant des choses pittoresques avec talent. Et puis il faut voter pour le prochain sujet folklorique, alors n'hésitez pas ! 

 

A présent, et comme dirait Christofol, entrons dans le vif du sujet.

XIXe siècle, romantisme, Allemagne.

Voilà résumés en trois mots une exaltation transcendantale et un bonheur moral ineffable, et oui mon vocabulaire sent la grosse bourgeoise.

Mais il faut encore ajouter à cela quelques noms chéris…

Delacroix, Blake, Girodet, Géricault, Chassériau

Ah, c'est l'extase !

D'autant que j'ai réussi à faire mien un exposé sur Blake! A ne pas confondre avec Francis Drake, qui était un corsaire du XVIeme siècle, et encore moins avec Francis Blake, merci. Si le nom de Robert Blake vous dit quelque chose, prenez garde aux coupures de courant et n'explorez jamais de vieilles églises qui ont mauvaise réputation.

Ah, William BlakeMagnifique occasion de connaître mieux ce génie incompris, et je suis véritablement ravie par ce que je découvre… Il devient ni plus ni moins que mon prophète, et m'inspire même des rêves totalement hallucinés aux couleurs de ses prophéties. Oh, je deviens démente, et qu'est ce que c'est bon !

Si l'on y ajoute en plus le symbolisme, me voici nageant dans l'Eden le plus radieux, dans des ondes de népenthès opiacées.

 

Détail d'un portrait de William Blake, par Thomas Phillips 

Voilà qui me donne envie connaître plus avant Swedenborg et Milton également, dans un autre registre, mais toujours lié à Blake. Surtout que Swedenborg a eu le bon goût d'être Suédois ! ^^

 

Pourvu que mon enthousiasme me permette de poursuivre dans cette voie… Quelle classe n'empêche… même si les doutes subsistent…

 

Dieu me manque, et mes profs d'archéo aussi. Et non je ne sombre pas dans un délire mystique, c'est juste une conséquence de mon sens inné de la mesure et de la modération !

 

Une petite toile pour la route… Je trouve qu'elle illustre bien mes sensations du moment. Je trouve son ambiance très automnale, sombre, froide mais belle.

 

                               Félicien Rops, la buveuse d'Absinthe

 

Et si vous cliquez dessus, vous vous retrouverez sur un site intéressant qui vous dira tout de la fée verte

 

Ce qui me donne bien envie d'aller visiter le musée qui lui est consacré, à deux pas de mon ermitage…

 

 


Découvrez Therion!

 

Mercredi 20 août 2008 à 0:10

 

Le retour de l’abomination errante dans son ermitage ! merci à Buf pour son article sur M. Rogers tandis que j’admirais pour ma part la faune et la flore de la région bordelaise en compagnie de toute la Compagnie dont fait maintenant partie Adé ! merci à toi d’être venue et d’être restée un peu avec moi à la gare !
 
Cependant mon but n’est pas ici d’étaler mon existence, même lorsqu’elle est moins insipide que d’habitude ! je voulais en fait donner mon interprétation à une œuvre de sir Frank Bernard Dicksee qui m’inspire tout particulièrement, à savoir Two Crowns.
 
L’artiste a eut le bon goût de naître en Angleterre au XIXeme siècle (1853-1928) et d’être un peintre de talent, qui lui valut d’ailleurs une belle renommée en sa contrée. Il ne faisait pas partie de la confrérie pré-raphaélite (contrairement à Dante Gabriel Rossetti si je ne m’abuse) mais ses peintures portent tout de même pour certaines la marque de ce beau mouvement, et c’est le cas de Two Crowns.
http://www.illusionsgallery.com/two-crowns-L.jpg
 
La toile se situe ainsi dans la période médiévale, comme le montre l’armure du personnage central et des soldats qui l’entourent, ainsi que le costume des jeunes filles qui l’environnent, et que l’on peut placer plus précisément au XVe siècle.
On peut y voir le défilé triomphal d’un roi victorieux entrant dans une ville avec son armée, et célébré par la population –dont on ne voit que de belles demoiselles- avec liesse. Le peintre a saisit sur sa toile le moment où le regard du roi se pose sur un calvaire situé dans la bordure droite du tableau, dans l’ombre. C’est ici que l’on peut comprendre le nom du tableau : deux couronnes : la couronne d’or du roi triomphant, face à la couronne d’épine du Christ agonisant.
 
La composition elle même est très dynamique, par le mouvement et les couleurs. Autours du cheval du roi, on a une impression de spirale créée par les demoiselles qui l’entourent. Tous les visages sont tournés vers le roi qui trône au dessus d’elles. On peut aussi voir une croix dans la peinture, formée par deux diagonales : l’une créée par les lances inclinées et qui se poursuit jusqu’au coin supérieur droit avec la bannière et ses rayons dorés. L’autre diagonale est formée par le bras du personnage en haut à gauche et par les pétales de fleurs jetés, et elle se poursuit dans l’inclinaison de la selle et de la jambe. On peut encore y voir une pyramide, dont la base est formée par les jeunes filles et dont la couronne est le sommet. Ces lignes amènent l’œil du spectateur sur le roi, et plus particulièrement sur sa tête couronnée qui se trouve au milieu de la composition. Cela est encore renforcé par le choix chromatique de l’artiste : le roi resplendit dans son armure d’or, dominant l’œuvre. Les autres couleurs, quoique vives, sont plus ternes, hormis le rose des pétales qui donnent tout son mouvement à l’œuvre. l’attention est ainsi concentrée sur le roi, montré comme source d’autorité, comme l’indique son sceptre, son maintien et la force que lui confère la forme de l’armure. Notre roi domine une assemblée très vivante et colorée, effaçant ainsi la présence de la croix sur le bord droit. Celle ci est sombre et excentrée, et l’œil du spectateur n’y est amené qu’en suivant le regard du roi.
 
L’ouvre prend ici tout son sens : au faîte de la sa gloire et de sa puissance, adulé par la foule, le roi fait face a un autre souverain, le Christ. Nous avons ainsi deux visions de la souveraineté : celle temporelle, représentée par le roi dans son armure, et celle, spirituelle, représentée par le Christ. Le roi et le crucifié semblent alors soudain être les seules figures de ce tableau : par ce regard, le personnage central se trouve coupé de la foule bruyante et virevoltante qui l’entoure et le célèbre, plongé dans une méditation : il se voit en effet révéler la vanité de sa propre souveraineté : il n’est qu’un roi de sang, voué à disparaître. C’est effectivement une sorte de révélation qui est offerte au roi, dans le sens que seul lui regarde le calvaire, seul lui le voit. Et c’est à lui que le Christ semble adresser un message Il ne jouit de ses grâces qu’un court instant. Cette impression se trouve renforcée par les objets éphémères qui l’entourent : les pétales de fleurs demain seront fanés, et la jeunesse des demoiselles sera bien vite envolée. Son triomphe lui même ne durera peut être qu’un court instant, et la guerre pourra lui reprendre ce qu’il a aujourd’hui conquit. Ce Christ lui rappelle donc qu’il ne tient toutes ses grâces que par sa volonté, lui, le souverain éternel et tout puissant, qui n’a pas besoin d’artifices et de couleurs pour faire valoir son pouvoir.
On peut dénoter une autre nuance dans le regard du roi : peut être a t’il honte de se présenter de façon aussi pompeuse devant son dieu, et de ce que représente aussi sa propre souveraineté : il ne maintient son pouvoir que dans le sang, celui des autres comme le montre les lances, les soldats, et même le rouge de sa cape et le tissu noué à son bras (en l’honneur d’une dame sans doute) Il domine par la force, comme semble le suggérer la soumission de son cheval, tête baissée rongeant son mord On peut s’apercevoir que la tête du roi se détache sur les ténèbres, comme s’il en provenait et qu’il les répandait. Au contraire, la tête du Christ, qui le domine, est auréolée de lumière, se détachant sur l’éclat d’une bannière dont le soleil brodé est placé exactement à l’emplacement de la tête couronnée d’épines. Ils sont deux opposés exacts en somme : le roi éphémère, drapé de lumière mais exhalant les ténèbres et la violence, et le roi éternel, omniprésent, exhalant la lumière et qui lui a offert son sang pour le rachat des hommes.
Cette œuvre est d’une grande force a mes yeux, car tout est contenu dans un regard. Elle représente à mon sens une révélation, une prise de conscience, un memento mori destiné à mettre le roi en garde : lui comme son pouvoir sont éphémères et proviennent du seul véritable souverain : Dieu, dont il doit apprendre la compassion et l’humilité.
 
Je tiens à préciser qu’il faut prendre le point de vue catho pour comprendre l’œuvre et l’interpréter comme cela, je pense que c’est ce que l’auteur voulait signifier en partie. Ce n’est pas nécessairement comme cela que je considère personnellement la figure du crucifié, donc merci de ne pas me faire de réflexion là dessus.
 
A propos d’œuvre ! et bien, je dois le confesser, j’ai succombé à la tentation… et j’en suis même très contente !
Une magnifique édition en vo pas cher (en tout cas la moins chère de toutes) d’une magnifique histoire de maître Tolkien, illustrée par Alan Lee
The Children of Hùrin
http://www.tolkiendil.com/lib/exe/fetch.php?cache=&media=asso:boutique:partenaires:9780007252268.jpg
 
 j’aime les gares. (si si il y a un rapport)
Pour ceux que cela intéresserait, il s’agit de l’histoire d’une famille maudite (tiens tiens) par Morgoth, le premier bastard de service de la Terre du Milieu. Hùrin est ainsi condamné par lui à voir souffrir ses descendants à subir une terrible destiné, et son fils Turin le premier…
Ahaha et dire que la semaine dernière encore je disais que j’en avais marre de cette histoire parce que j’ai du lire au moins 3 versions différentes ^^’ non mais c’est vrai au bout d’un moment on sature à force de lire 50 fois la même chose… mais là c’est différent, c’est la version ultime en vo, donc avec les mots même du maître et tout… et l’histoire est magnifiquement dramatique… j’ai toujours en projet depuis au moins 5 ans une illustration de Turin et Gwindor dans les forêts de Taur-Nu-Fuin (repaire du Lieutenant Sauron dans l’histoire de Beren et Luthien <3)
bon et si je me trouvais les Lais du Beleriand maintenant ? J
tout cela me donne envie de faire un habillage ! n’oubliez pas de regarder régulièrement s’il y a des nouveautés de ce côté là ! vous trouverez les habillages concoctés par ma Buf (Breizh, Spanish Inquisition et Raspoutine) et ceux faits par mes petites mains hérétiques !
 

bon, sur ce, je vais retourner massacrer ma couture et mes petits maudits. Vale.

Samedi 5 juillet 2008 à 2:07

 

Bien, mes recherches ont été fructueuses !

 

 

 

Voici donc le fameux passage où Prescott nous narre le sacrifice du mois de Toxcatl ! Le calendrier aztèque comportait 18 mois, et il était courant qu'une ou plusieurs personnes soient sacrifiées aux fêtes intronisant ces mois. Le mois de Toxcatl était le 5e, et le sacrifice était dédié à… Tezcatlipoca. Voici ce qu'en dit William Prescott, donc, dans son ouvrage La fabuleuse découverte de l'empire aztèque, datant du XIXe siècle. Je me permets d'y adjoindre des notes suivant ce que j'ai pu voir dans l'ouvrage de Jacques Soustelle.

 

 

 

« Ces cérémonies religieuses étaient généralement conçues de manière à représenter les traits les plus saillants du caractère ou de l'histoire du dieu qu'on voulait honorer 1. Citons un exemple : une des plus importantes fêtes étaient celle du dieu Tescatlepoca, qui ne le cédait pour le rang qu'à l'Etre Suprême. On l'appelait l'Ame du monde ; on l'en supposait le créateur 2 . Il était représenté sous les traits d'un beau jeune homme 3. Une année avant la fête, on choisissait, pour représenter cette divinité, un captif d'une beauté parfaite 4. Les prêtres lui apprenaient à jouer son rôle avec la grâce et la dignité convenables. On le couvrait de vêtements magnifiques ; on lui prodiguait l'encens et les fleurs, dont les Aztèques n'étaient pas moins grands amateurs que les Mexicains d'aujourd'hui. Lorsqu'il sortait, il était accompagné d'une foule de serviteurs, et s'il faisait halte dans les rues pour jouer quelque mélodie favorite, la foule se prosternait devant lui et lui rendait hommage comme au représentant de la bonne divinité. Quatre belles jeunes filles, portant les noms des principales déesses 5, étaient choisies pour partager les honneurs de sa couche. Ses jours s'écoulaient dans la mollesse, dans les festins que lui offraient les principaux nobles 6, empressés de lui rendre les honneurs dus à un dieu.

 

            Mais le jour fatal arrivait ; le terme de ses courtes splendeurs était proche. On le dépouillait de ses riches vêtements ; il disait adieu aux belles compagnes de ses plaisirs ; une des barques royales le transportait au-delà du lac dans un temple construit sur ses bords, à une lieue environ de la ville. Tous les habitants de la capitale accouraient alors pour assister au dénouement de la tragédie. A mesure que la procession gravissait les flancs de la pyramide, le pauvre captif déchirait ses guirlandes de fleurs, et brisait les instruments de musique qui avaient charmés les heures de sa trompeuse félicité. Six prêtres l'attendaient au haut de l'édifice. Leurs longs cheveux tressés tombaient en désordre sur leurs robes noires, couvertes d'inscription hiéroglyphiques mystérieuses 7. Ils saisissaient la victime et l'étendaient sur la pierre du sacrifice, bloc de jaspe convexe dans sa partie supérieure. Cinq prêtres tenaient la tête et les membres du patient, tandis que le sixième, couvert d'un manteau rouge, emblème de son sanglant ministère, ouvrait la poitrine de sa victime avec un couteau aigu d'iztly, substance volcanique aussi dure que le caillou 8, et plongeant la main dans la plaie, il retirait le cœur palpitant, le présentait au soleil, objet d'adoration dans tout l'Anahuac, et le jetait aux pieds de la divinité à qui le temple était consacré, tandis que la multitude se prosternait et adorait. La triste histoire du prisonnier était offerte en exemple par les prêtres, comme le type de la destiné humaine, brillante à son début, mais trop souvent terminée dans la douleur et l'infortune 9. »

 

W. Prescott, La fabuleuse découverte de l'empire aztèque, chapitre 3



1  c'est-à-dire que la victime sacrifiée incarnait le dieu honoré, et devenait ce dieu au moment du trépas.

 

 

 cf l'article précédent : le passage parlant des 4 Tezcatlipoca, juste en dessous de la représentation de Quetzalcoatl.

 

 

3 il était ainsi souvent nommé Telpochtli, « le jeune homme »

 

 

la « guerre fleurie » (xochiyaoyotl) était une manière de fournir des victimes aux sacrifices. Les guerriers étaient élevés dans l'optique de finir sur la pierre de sacrifice, ce qui était pour eux une gloire puisqu'ils permettaient la bonne marche du monde : c'est le sang des sacrifiés qui permet au soleil de poursuivre sa course. A la guerre on évite donc autant que possible de tuer. Celui qui était choisi pour incarner Tezcatlipoca devait non seulement être beau, mais cultivé. Les guerriers, recrutés dans toutes les classes de la société, avaient tous droits à une bonne éducation, surtout s'ils allaient au calmecac, collège rigoureux tenu par des prêtres, et réservé plutôt aux fils de tecuhtli, c'est-à-dire de seigneur.

 

 

5 elles incarnaient les 4 épouses de Tezcatlipoca : Xochiquetzal, déesse de l'amour érotique, Xilonen, déesse du jeune maïs (une jeune femme la personnifiant était sacrifiée a 8eme mois du calendrier), Atlatonan, déesse mère, et Huixtocihuatl, déesse de l'eau salée, sœur de Tlaloc.

 

 

6 L'empereur l'invitait également très fréquemment. Mais les 20 derniers jours, il se présentait sous l'aspect guerrier du dieu, revêtu comme un chevalier-jaguar.

 

 

7  les manteaux des prêtres étaient le plus souvent brodés de crânes et d'os

 

 

8 de l'obsidienne, qui en plus d'être extrêmement dure, présente de très beaux reflets

 

 

9  cette destiné montre surtout clairement le rôle de Tezcatlipoca dans celle-ci : ses noms Titlacaun « Lui dont nous sommes les esclaves » et Ipalnemoani « Lui par qui nous vivons » le désigne comme le dieu tenant entre ses mains la vie des hommes et en disposant suivant son bon plaisir : il peut donner un jour ce qu'il reprendra le lendemain. C'est pourquoi il était très symbolique que l'on retire ainsi au captif tous les dons que le dieu lui avait octroyés durant un an. C'est en quoi cela était un exemple pour toute la population.

 

 

 

On peut ainsi se rendre compte que jusqu'au bout c'était un rôle que devait tenir l'élu, sans faiblir, jusqu'au haut de la pyramide où il s'offrait au couteau sacrificiel, après une montée très théâtrale. Cette destiné est tragique, et pourtant ô combien glorieuse ! et elle se répétait inlassablement, car le jour du sacrifice, un autre jeune homme avait déjà été choisi par les prêtres pour incarner leur dieu. Je me demande ce qui se passait dans l'esprit de celui qui avait été désigné : j'imagine, au vu de ce que j'ai cru comprendre de leur mentalité, qu'il s'agissait d'un grand honneur pour lui et qu'il devait se sentir très honoré de devenir l'incarnation de Tezcatlipoca, dieu parmi les plus puissants et révérés dans ces contrées. Mais comment vivait-il cette année ? comptait-il les jours qui le séparaient de sa fin ? N'avait-il pas parfois un pincement au creux du ventre en se réveillant le matin, à la pensée qu'il vivait ses derniers jours ? Comment arrivait-il a tenir la dignité de son rôle à tout instant ? Même aux derniers ? Croisait-il son successeur ? Que pouvait-il bien penser ? ressentir ? quelle fierté ? quelle crainte ?

 

Plus prosaïquement, que faisait-on si l'une de ses concubines se retrouvait enceinte ? là je n'ai pas d'informations, mais j'aimerais bien savoir, car cela devait arriver !

 

Cette histoire soulève un grand nombre d'interrogations… en tout cas je la trouve très belle, même si tragique, et c'est la raison pour laquelle je la verrais très bien faire l'objet d'un livre ou d'un film… avec quelqu'un de talentueux aux commandes, cela va sans dire !

 

 

Je laisse mes rares lecteurs rêver là dessus… et je ne résiste pas à l'envie de vous mettre l'illustration qui illustrait le chapitre. Ceux qui me connaissent n'auront aucun mal à savoir pourquoi elle me plaît !


Ah, et mr Prescott est précisément l'historien auquel Lovecraft fait référence dans la nouvelle précédement citée, la Transition de Juan Romero... 

 

 

 

 

Et bien nous verrons ce que la démence m'inspirera prochainement ! je garde en mémoire ce que j'avais promis.  Ah, oui, et la blague dont je parlais précédemment, c'est que la seule réponse que j'ai eu à mes cvs venait d'un monument napoléonien, auquel je n'avais bien sûr rien demandé… mon incompétence m'a sauvé d'une situation périlleuse. N'empêche. J'aurais bien voulu…

 

 

 

Ah oui, et puis c'est officiel depuis quelques temps déjà mais… j'ai ma licence d'histoire (mention assez bien normalement). J'avais juré de déboucher l'hypocras (que j'avais acheté tout spécialement) pour fêter ça, mais j'ai du mal à me réjouir… l'avenir est tellement incertain ! mais ça, c'est fait, c'est acquis et je n'arrive pas à être contente, alors que je me suis donné tant de mal… enfin… les tourments de mon esprit ne connaissent aucun répit…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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